Avant que les censeurs et autres cerbères de l'oeuvre originale de la Tour sombre ne me tombent dessus à coup de colts, je tiens à préciser que je n'ai pas lu les nombreux tomes qui composent l'heptalogie de Stephen King. Je ne peux donc juger le film qu'à l'aune de son contenu, sans références antérieures.
Quand je lis la volée de bois vert que prend cette adaptation cinématographique, je me dis qu'il est sans doute heureux de découvrir cet univers vierge de toute idée préconçue.
Plusieurs éléments positifs m'ont d'entrée convaincu de la qualité certaine de ce film :
-un brochette d'acteurs tout à fait convaincants, chacun parfaitement à l'aise dans son rôle respectif. Depuis l'excellent Matthew Mc Conaughey qui campe un méchant diabolique jusqu'à Idris Elba, formidable pistolero désabusé et animé d'une vengeance sourde, en passant par le jeune mais fort crédible Tom Taylor, on a droit à un casting qui pousse le spectateur à adhérer au propos.
-l'univers décrit apparaît relativement cohérent au regard de ce qui sort parfois en salles dans le domaine du fantastique. Il est est brossé avec efficacité et le spectateur comprend rapidement les enjeux.
-les effets spéciaux sont utilisés à bon escient et l'on a pas droit à un déluge vomitif d'effets pyrotechniques qui noient le récit, comme trop souvent à l'époque actuelle.
On a certes un schéma narratif assez classique (méchant qui a besoin d'un être spécial pour parvenir à ses fins - enfant prodige prédestiné à faire tomber le méchant - mentor du jeune garçon qui va, à ses côtés, affronter la menace) mais il est ici amené avec efficacité. Je trouve d'ailleurs assez prodigieux d'avoir réussi dans un format aussi court à développer une histoire, qui si elle n'est pas révolutionnaire, se tient de bout en bout. Bel exploit qui évite d'ailleurs de se perdre dans des méandres narratifs obscurs.
Si l'on a guère de surprises sur les rebondissements attendus et un final annoncé, le spectateur béotien pourra sans doute apprécier un divertissement honnête qui présente un univers fourmillant de possibilités, même si elles sont à peine effleurées ici. C'est sans doute ce qui aura pu irriter ceux qui connaissent plus en profondeur les subtilités de l'oeuvre papier.
La Tour sombre aura au moins eu le mérite de me donner très envie de découvrir les sept romans de Stephen King, ce qui me semble déjà pas si mal. Livres qui je n'en doute pas, vu leur épaisseur, offrent une richesse incommensurablement plus dense que le film.