Une jeune anglaise venue en Normandie pour y séjourner va croiser sur son chemin un groupe de chasseurs. Ces derniers, après avoir traqué le sanglier, vont s’attaquer à une toute autre proie…
Serge Leroy (Légitime violence - 1982) réalise ici un thriller particulièrement glaçant, un survival forestier à l’image aussi poisseuse que ses principaux protagonistes (des chasseurs animés par leurs pulsions animales et qui finissent tous par se dévoiler au fur et à mesure de l’intrigue). L’image est terne, pas l’ombre d’un rayon de soleil, les protagonistes évoluent dans un milieu fade et boueux, partis chasser le sanglier, ces derniers vont croiser la route d’une jeune touriste et vont commettre l’irréparable. S’ensuivra alors pour la jeune femme une traque inlassable à travers bois, ne lui laissant que peu de répit pour sauver sa peau.
Le réalisateur ne cesse de nous surprendre au fil de ces 90 petites minutes. L’immersion y est quasi palpable et ce, dès le début du film, à l’hôtel ou au relais de chasse, on ne fait plus qu’un avec eux, on se retrouve comme happé au cœur de cette tragédie humaine, nous rappelant Les chiens de paille (1971) de Sam Peckinpah.
Film culte et injustement méconnu du grand public, ce film n’est pas seulement un rape and revenge comme pouvait l’être I Spit on Your Grave (1978) de Meir Zarchi, mais c’est aussi et surtout, une formidable étude sociologique où l’on découvre lentement mais sûrement, les bas instincts de ces chasseurs, à travers un thriller nihiliste flamboyant et superbement mis en scène de manière naturaliste au cœur d’une battue effroyable par tant de réalisme et portée par des acteurs d’une rare intensité (un casting (quasi) exclusivement masculin composé de Jean-Luc Bideau, Michael Lonsdale Philippe Léotard et un Jean-Pierre Marielle particulièrement saisissant, aux côtés de Mimsy Farmer).
(critique rédigée en 2012, réactualisée en 2023)
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