La Traque (Antoine Blossier, France, 2010, 1h30)

Cocorico, un film de sanglier made in France, c’est Arnaud Montebourg qui doit être content ! Ainsi que Chasse, Pêche et Traditions, puisque le film d’Antoine Blossier rend hommages aux chasseurs (et moins au gibier) dans un film de monstre à la française (c’est important, car de là il tire tout son suc). Où les acteurs jouent comme des acteurs à la française, dans des décors à la française, avec un scénario à la française, et une originalité des plus hexagonale.

Après une scène d’introduction plutôt cool, et une spectaculaire mise en bouche des plus horrifiques, s’enchaîne un générique des plus nuls, très laid et trop long… Cependant, il nous laisse le temps de découvrir qu’au générique il y a Joseph Malerba et François Levental, et ça c’est quand même chouette. Parce que ces deux comédiens de gueules,c’est toujours un plaisir de les retrouver, même dans des films moyens. Voir mauvais.

Mais il y a aussi Bérénice Bejo(umal), fidèle à son talent, qui reflète à peu près l’ensemble du casting. Peu aidé, il faut l’admettre, par des dialogues convenus et forcés, d’où n’échappent aucun naturel. C’est mal joué putain… Mais vraiment… Au point que les sangliers sont meilleurs. Et pourtant c’est une vaste blague, parce qu’on ne les voit même pas, ou très peu. La réalisation alternant sans cesse des champs/contre-champs qui passent leurs temps à mettre la bête féroce en hors-champs. Pour se reposer sur des acteurs à l’ouest.

Il manque cruellement d’une présence derrière la caméra, puisque les comédiens ont vraiment l’air d’être livrés à eux-mêmes, ne parvenant jamais à exister au-delà des conventions de leurs personnages. Demeurant ainsi des clichés ambulants se promenant fusil au poing dans les bois. L’ensemble du film st ainsi plombé, même lors des séquences spectaculaires, qui tombent finalement à plat, par un manque d’ampleur évident, et une banalité édifiante. Sans audace, ni aucune surprise.

S’il y a une chose à sauver du film, qui au passage porte beaucoup trop de nom (‘’La Traque’’/’’Proie’’/’’Prey’’), ce qui n’est jamais bon signe, c’est son petit message écolo. Datant de 2010, il pointe du doigt, sans tomber dans le pamphlet, attention, les dérives de l’agriculture chimique, et des produits hautement toxiques déversés sans vergognes dans la nature. 9 ans avant l’incendie de Lubrizol à Rouen, ce message semble tristement encore d’actualité. Dommage qu’il soit véhiculé par un mauvais film. Mais bon, rien que pour ça, et c’est loin d’être suffisant, il a le mérite d’exister.

En se retournant un peu en arrière, on pourra être en capacité de dire ‘’Ha oui, mais toutes les dérives on le savait hein. C’est juste qu’on s’en bâtait royalement les couilles’’. À l’instar du méchant (oui c’est aussi un film manichéen, ha bah on est jusqu’au-boutiste dans la médiocrité ou on ne l’est pas !), en la personne du PDG de la grosse boite de fabrication de pesticide, qui accepte en toute connaissance de cause le rejet des effluves dans les nappes phréatiques. Ce sont d’ailleurs ces dernières qui ont fait muter les sangliers, devenus de grosses bêbêtes dingos, dévorant tous sur leur passage. Du moins c’est ce que l’on dit au spectateur.

Malheureusement, le métrage ne sait jamais si il doit insister sur son aspect ‘’pamphlet écolo’’, ou si il veut être un thriller efficacement classique, ou bien encore s’il assume totalement son aspect de simple ‘’film de gros monstre’’ à la con. Donc au final à taper un peu partout, il ne fait mouche nulle part, et se fourvoie juste dans une vaine tentative supplémentaire de film de genre à la Française.

-Stork._