‘La très très grande classe’ est une comédie ratée, aussi pathétique que son titre est mauvais. Rien n’est sauvable dans ce film poussif et franchement, parfois gênant.
Sofia est une professeure de français dans un établissement en difficulté. Malmenée par ses élèves, elle annonce à sa classe sa prochaine mutation en sortant à ses élèves leurs quatre vérités. Mais sa mutation est gelée par son établissement à cause d'une autre enseignante avec qui elle se retrouve en concurrence. Problème, cette dernière est une professeure parfaite, avec une classe parfaite, un CV parfait. Avec une telle concurrente et des élèves remontés à bloc, Sofia est contrainte à tous les subterfuges, y compris les coups bas pour obtenir la mutation de ses rêves.
Ce qui saute aux yeux dans ce film, c’est la nullité au sens mathématique du terme de l’imagination du scénario. Pas une seule idée, rien d’inventif. Le film repose principalement sur le contraste. Cette idée de duo que tout oppose a donné de grands films comme les screwballs comedy hollywoodienne, comme ‘La dame du vendredi’ d’Howard Hawks avec Rosalind Russel et Cary Grant, ou les fabuleuses adaptations d’Agatha Christie par Pascal Thomas avec Catherine Frot et André Dussolier. Mais là, c’est vraiment d’une consternante facilité. Il y a la beurette de banlieue, ronde et professeure se donnant le plus grand mal du monde pour enseigner. Face à elle, il y a la fille canon, fine come une asperge, faisant tout avec facilité.
L’humour du film est assez navrant ce qui est dommage pour une comédie ! Les gags tombent tous à l’eau. Le type qui est coincé dans un placard et qui a envie de pisser, les deux filles qui se battent, la prof qui dit ses quatre vérités aux élèves, les élèves qui se vengent, la voiture de la prof qui est taguée. Je ne pense pas qu’on ne puisse faire plus nul. Mais en fait si ! Dans son deuxième tiers, la comédie de vient franchement embarrassante. En effet, je trouve qu’il est gênant en 2022 de montrer aussi mal des étrangers parlant français. Ce film rappelle le dernier ‘Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?’. Les étrangers s’expriment par des sons ‘caractéristiques’, en tout cas dans le faible imaginaire du réalisateur. La portugaise parle tout le temp en « che », la chinoise en « teng » et l’africaine roue les r. Quand à l’arabe, il s’exprime comme on se l’imagine dans les pires clichés.
Ce dernier aspect me laisse penser que Frédéric Quiring a sans doute voulu faire une comédie un peu grinçante, politiquement incorrect où tout le monde en prendrait pour son grade. Bref, une sorte de comédie à l’Italienne. Mais quel manque de finesse dans l’écriture ! Tout est grossier. Par exemple, la caricature des lycées cathos. Les personnages sont mal dessinés, les situations pauvres, l’enchainement des scènes poussifs. Malgré ce souhait de faire une comédie corrosive, le film se termine sur un happy end et se vautre dans les facilités scénaristiques.
Un mot des interprétations calamiteuses des comédiens. François Berléand cachetonne et berléande. C’est-à-dire qu’il joue les bougons sarcastiques, ce qu’il fait depuis ‘Les Choristes’ qui datent tout de même de 2004. Il faudrait le prévenir. Arié Elmaleh est exécrablement mauvais. Mais dans le genre, rien ne vaut la prestation ultra-caricaturale en bourge catholico-hystérico-bourge d’Audrey Fleurot. A côté d’elle, Hélène Vincent dans ‘La vie est un long fleuve tranquille’ de Chatillez, c’est Liv Ullman chez Bergman. Seule Melha Bedia est relativement sobre.
Pour faire court, ce film est d’une surprenante médiocrité. Plus surprenant encore, le fait que le film est été produit.