Même si les deux films n'ont à peu près rien en commun, on pense forcément à "Ma petite entreprise", précédent titre de Pierre Jolivet que je considère comme l'une de ses plus franches réussites.
Avec "La très très grande entreprise", comme son nom l'indique, le réalisateur change d'échelle, installant sa comédie sociale dans les locaux d'une multinationale, fleuron français de l'agrochimie, infiltrée par une bande de pieds nickelés à la recherche d'une preuve à charge, afin de gagner leur procès en appel.
Autant dire que si la vraisemblance et la crédibilité des situations sont un critère primordial à vos yeux, vous risquez de soupirer devant "La très très grande entreprise", qui multiplie les facilités narratives et les situations improbables.
J'ai également quelques réserves au sujet de la structure narrative, juxtaposition de brèves séquences illustrant à chaque fois une nouvelle difficulté (ou une nouvelle mission) pour nos infiltrés : ce procédé - qui rappelle le récent "Victor et Célia" du même Jolivet - a quelque chose de fatigant, même s'il permet d'insuffler un rythme trépidant, soutenu par un montage nerveux.
En revanche, j'ai retrouvé (partiellement) la magie de "Ma petite entreprise" dans la dynamique de groupe, avec un casting homogène et des personnages attachants, autour du quatuor Roschdy Zem - Jean-Paul Rouve - Marie Gillain - Adrien Jolivet.
Ces comédiens sympathiques apparaissent complémentaires et affichent une belle complicité. Ainsi, les scènes collectives à l'appartement diffusent une bonne humeur et une chaleur humaine appréciables.
Et puis le film peut s'appuyer sur un ressort scénaristique toujours efficace, celui du pot de terre contre le pot de fer : le public adore s'identifier au petit David contre le grand méchant Goliath.
A cet égard, Jolivet ne craint pas le manichéisme, mais on lui pardonnera aisément vu le sujet et l'impunité dont bénéficient souvent les multinationales.