Voici encore un des meilleurs exemples du cinéma populaire français (dans le sens noble du terme), qui comme le Cave se rebiffe, Un singe en hiver ou la Traversée de Paris... sont des inusables. En effet, le film est multidiffusé à la télé, et pourtant ça marche toujours, enfin peut-être plus pour des gars de ma génération ; ah la la, qu'est-ce que j'aime des films comme ça, qui ne paient pas de mine, soignés et correctement réalisés ! Etonnament fondé sur des faits authentiques, à partir d'un récit saugrenu, ce périple comico-dramatique a connu un énorme succès à sa sortie, c'était le premier gros succès commercial de Verneuil, qui collaborait pour la huitième fois avec Fernandel.
On ne se lasse pas des folles aventures de ce prisonnier de guerre qui s'évade à travers toute l'Allemagne avec une vache. C'est un film drôle, attachant, plein de tendresse, avec quelques moments attendrissants et aussi quelques scènes amusantes mémorables, comme le pont de bois où les soldats allemands doivent s'écarter pour laisser passer la vache, ou encore les fausses crevaisons des vélos... Cette vache Marguerite qui fut choisie parmi 600 de ses congénères, est une partenaire de poids insolite pour Fernandel, quand on sait que tourner avec un animal peut parfois être risqué dans la carrière d'un acteur. Mais le grand comique qui a ici un rôle semi-dramatique, tient quand même le film à lui seul, car même si les seconds rôles sont bons (quelques rares Français et quelques acteurs allemands), ils restent discrets.
Un vrai chef-d'oeuvre du ciné populaire donc, qui en plus permet de montrer un visage plus reposant et plus souriant de l'Allemagne. Je recommande aussi de préférer la version en noir & blanc, qui se marie mieux au sujet, la version colorisée n'apportant rien de plus.