Richard Thorpe, c'est le genre de cinéaste touche à tout, qui réalise des pelletées de films, et parmi ceux-là forcément on trouvera quelques pépites. La vallée de la vengeance n'est pas l'une d'entre elles, mais un western tout à fait correct.
Adapté d'un roman de Luke Short, il en a effectivement les caractéristiques, Luke Short étant connu pour tirer le western vers le noir, avec notamment de mémorables peignées où les coups se ressentent fort. Les bagarres ici seront donc nerveuses, et plus réalistes que spectaculaires.
Burt Lancaster est tout à fait à l'aise pour son premier western, y compris dans les scènes de pugilat auxquelles, paraît-il, il participe lui-même. Opposé à lui, son demi-frère, joué par Robert Walker, est également un rôle très réussi. Fils indigne d'un riche propriétaire, étouffant sous la tutelle du plus raisonnable Owen/Burt Lancaster, Robert Walker joue son personnage volontiers charmeur, mais faible et vindicatif. Le reste de la distribution est intéressant, mais malheureusement les rôles sont un peu trop ternes pour briller. John Ireland, par exemple, joue un énième individu patibulaire et rapide à jouer de la gâchette, mais qui n'a rien de marquant. D'ailleurs, personne dans le film ne semble le prendre au sérieux.
En définitive, La vallée de la vengeance est un petit western sans grande ambition, mais l'épaisseur inattendue du rôle de Robert Walker le tire vers le haut. L'amateur du genre trouvera de l'intérêt dans la crudité de la représentation, assez loin la plupart du temps du romantisme de mise à cette époque. Ce côté anti-spectaculaire, paradoxalement, le rend plus efficace, et le film n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est le plus sobre.