Xavier Beauvois n’est pas un cinéaste très prolifique, il tourne un long-métrage tous les quatre ou cinq ans alternant parfois avec des passages devant la caméra comme récemment son rôle amusant et remarqué dans le « Making-of » de Cédric Kahn, un cinéaste qui aime lui aussi faire l’acteur de temps en temps. Avec « La Vallée des fous », il livre son œuvre peut-être la plus intime et personnelle après son très réussi « Albatros » sorti il y a quatre ans qui s’est malheureusement vautré en salles. Moins pointu, plus populaire et accessible, il choisit ici la voie du feel-good movie à la française avec cette histoire iconoclaste qui voit un père décider de faire le Vendée Globe de son bateau posé au fond du jardin. Un postulat caustique et quelque peu absurde qui, digéré, en vaut finalement un autre. Et, en filigrane, on nous parle d’alcoolisme, de deuil et de relations familiales abîmées.
L’histoire est belle et bien racontée, on ne peut le nier. Et en offrant le rôle principal à Jean-Paul Rouve, Beauvois ne s’y est pas trompé tant il est le comédien parfait pour ce type de prestation entre légèreté et gravité. Il est très à l’aise dans l’humour lunaire qu’un tel sujet requiert autant qu’il sait offrir différentes palettes de jeu convoquant davantage l’émotion. Il y a aussi un Pierre Richard évident dans le rôle du grand-père et la découverte du jeune Joseph Olivennes, fils de Kristin Scott Thomas, très bien dans le rôle du fils en bisbille avec son paternel. Il y a beaucoup de moments à la fois tendres et drôles mais qui ne rentrent jamais dans un comique forcé, rendant « La Vallée des fous » très juste et naturel en plus de véhiculer de très belles valeurs d’abnégation, de résilience et de réconciliation. La dépendance à l’alcool et la difficulté du deuil sont également très bien montrées.
On passe donc un bon moment devant ce film presque minimaliste qui a le bon goût d’alterner les moments en huis-clos dans le bateau avec d’autres dans ce charmant village breton abritant le restaurant familial, faisant parfois lorgner légèrement « La Vallée des fous » vers le film culinaire. Cependant, Beauvois a eu la main trop lourde sur la durée de son film. Deux heures pour un tel sujet c’est trop long et pas mal de séquences non indispensables auraient pu être coupées au montage. Ensuite, sa mise en scène et sage, toute proprette, alors que le sujet ouvrait la porte à bien plus d’audace et de témérité visuelle. Le rythme du film en pâtit un peu et l’émotion n’est peut-être pas autant au rendez-vous qu’espéré. On passe néanmoins un relatif bon moment devant cette œuvre gentillette et pleine de bonnes intentions mais qui peut tout aussi bien se regarder chez soi à la télévision.
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