Dans la Vallée des fous, Xavier Beauvois nous plonge dans une odyssée terrestre où océan rime avec tout sauf le grand large. Jean-Paul Rouve y donne vie à un personnage tout en désarroi intérieur, passionné de voile et tempêtant de mélancolie, qui embarque dans le Vendée Globe sur son propre bateau de plaisance, amarré sur la pelouse familiale. L’idée saugrenue et géniale du personnage transforme alors son jardin en mers et océans mais surtout, ses proches en équipage malgré eux. Jean-Paul Rouve, familier de la comédie, surprend par sa profondeur inattendue. Il se joue des courants entre complications de la vie quotidienne et tsunami intérieur, à l’aise étonnamment. En face, Pierre Richard, son père à l’écran, livre une performance sage et excentrique. Secondaire, il est le phare du gardien du jardin d’Eden de l’existence face à la tempête que Jean-Paul a fait de la sienne. Sur l’à-pic familial, Madeleine Beauvois, fille du metteur en scène, s’évidence quant à elle dans le rôle de la fleur du savoir, le personnage de la fille de Jean-Paul. Le scénario ahurissant et remarquable associe comédie et drame. Les dialogues sont admirablement ciselés, subtils entre drôlerie et introspection grave. Beauvois, le réalisateur, signe une mise en scène sobre qui s’efface derrière les acteurs et leurs échanges au rythme du scénario. L’opus est limpide mais lourd, un emprisonnement euphorisant. Les cadres intérieurs et jardins de la propriété française amènent et apaisent le sentiment de claustration volontaire du protagoniste. Ils intensifient sa confrontation entre statisme sur lequel s'attarde le regard physique de son odyssée intérieure et familiale. La Vallée des fous est une comédie dramatique qui subjugue par sa force tranquille qui rappelle que l’aventure est partout. À découvrir rapidement sur grand écran, en jean et bleu ciré sur canapé ou ailleurs.