Vraiment une mini-critique, simplement pour préciser que le film est plus riche que ce que certains avis sur le site pourraient laisser supposer. Alors certes, ce n’est pas un des chefs d’œuvre de Billy Wilder, ce n’était pas un de ses films préférés, mais une (pas vraiment) comédie musicale haute en couleurs (la couleur, c’est d’ailleurs une première pour le réalisateur). Mais derrière le divertissement un peu niais (une romance improbable entre un voyageur de commerce américain et une comtesse austro-hongroise, suite au coup de foudre de leurs toutous respectifs) et la légèreté assumée se devinent de plus sombres réalités : allusion à la guerre récente (le film est tourné en 46 mais ne sortira que 2 ans plus tard) lorsque le vendeur de gramophones américain qui rêve d’en refourguer un à l’empereur himself prédit un déferlement de marines si on lui fait des ennuis, référence à l’eugénisme lorsqu’il s’agit de noyer les chiots nés des amours illicites entre la « fiancée » du caniche impérial et le clebs SRD dudit vendeur vu que leur race n’est pas pure, les animaux ayant accompli de fait ce que la morale (et la censure) interdit à leurs maîtres. A noter que lorsque la comtesse Johanna et son père sont convoqués chez l’Empereur, ils s’imaginent que c’est pour envisager les fiançailles de la jeune femme alors que c’est au chenil qu’une union doit avoir lieu, dont on espère qu’elle fournira une belle et saine portée (de pure race ça va de soi), métonymie qui en dit long sur le rôle des femmes de l’aristocratie à l’époque. Enfin, comment ne pas savourer le clin d’œil ironique sur la psychanalyse lorsque le psychologue de Shéhérazade, la chienne censée s’accoupler au mâle impérial cherche à soigner sa patiente selon les méthodes de Freud , lequel avait mis Billy Wilder à la porte lorsque ce dernier, alors journaliste, avait voulu l’interviewer ;)