Corrado (Mario Girotti, plus connu désormais sous le nom de Terrence Hill), 16 ans, habite avec sa mère Maria (la Suédoise Märta Torén) une grande villa non loin de Rome. Encore jeune, mais veuve, Maria se consacre à son fils. Corrado s’intéresse à un chantier de fouilles archéologiques proche de la villa et dirigé par l’ingénieur Manfredi (Nino ? Non, Stefano) avec qui il sympathise. Conquis (il profite des vacances pour participer aux fouilles), Corrado décide d’organiser une rencontre entre l’ingénieur et sa mère. Invité un soir, l’ingénieur (l’Américain Richard Basehart) sait se rendre agréable et le courant passe avec Maria, bien que tous deux se présentent comme timides. Quant à Corrado, il plait à une cousine plus vieille que lui, la duchesse Giulia (Elsa Vazzoler), alors que son cœur penche pour la jeune Carla (Bianca Maria Ferrari). Ceci dit, quand il réalise que sa mère tombe amoureuse, il fait une crise de jalousie (complexe d’Œdipe mal résolu) que sa mère comprend au point de se rendre malheureuse.


Le film vaut pour ses décors (le monumental escalier de la villa) et sa mise en scène, ainsi que pour la belle Märta Torén trop tôt disparue (le 19 février 1957, des suites d’une hémorragie cérébrale, soit environ 2 ans après la sortie du film). Mauro Bolognini utilise le noir et blanc (image au format 4/3) avec maîtrise et affiche déjà l’élégance qui sera sa marque de fabrique (c’est son deuxième long métrage). Ainsi, lors de la fête organisée dans la villa pour le réveillon du Nouvel An, on admire un mouvement de caméra nous faisant passer du couple Stefano/Maria à Corrado qui ne supporte pas leur rapprochement. A cette même fête (grand hall d’entrée transformé en salle de bal), la cousine Giulia qui croyait pouvoir se rapprocher de Corrado (elle n’a visiblement pas l’habitude qu’on lui résiste), voit le jeu qu’elle organisait se retourner contre elle, alors que sa réputation de croqueuse de jeunes hommes lui revient aux oreilles. On s’amuse donc au milieu de ces mouvements élégants qui orchestrent la frivolité, les envies et jalousies, dans cet univers de personnes qui profitent avec insouciance (milieu aisé que le cinéma montre à l’envi, car cela permet d’utiliser de beaux décors qui plaisent toujours). Petite bizarrerie quand Maria et l’ingénieur remontent en voiture devant le Colisée, après avoir fait des courses, la scène pouvant laisser croire que les magasins se situaient face au célèbre monument (amusant quand on sait comment le lieu se présente actuellement).


Le film ne souffre pas spécialement de son casting cosmopolite, mais plutôt de son hésitation à choisir un personnage central. Encore bien jeune, Corrado a bien du mal à réaliser ce qui lui arrive, puisque c’est lui qui a voulu présenter l’ingénieur à sa mère (en espérant lui redonner le sourire et la joie de vivre). Il vit mal sa jalousie, au point de soudain rejeter Carla qui ne comprend pas non plus. En quelques scènes, Märta Torén se montre largement plus intéressante que son jeune partenaire. N’ayant pas les épaules pour résister aux femmes, Corrado pourrait succomber aux charmes de sa cousine (docile, il accepte tout ce qu’elle propose, mais sans véritable enthousiasme). Il flirte gentiment avec Carla, mais c’est surtout parce qu’ils ont le même âge. En fait, rien ne peut lui faire oublier la relation privilégiée qu’il entretient avec sa mère depuis longtemps. Il devrait encore murir et peut-être atteindre un certain équilibre, surtout que la situation de sa mère ne peut qu’évoluer, mais ce ne sera pas sans sacrifice.

Electron
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le 9 mars 2022

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