J'ai vu La Vengeance de la même manière que j'ai visionné Nostalghia de Tarkovski : en deux fois. Tout comme notre bon vieux Andrei, Morsay ne cesse de glisser de longs passages contemplatifs dans ce qui sera son véritable magnum opus : La Vengeance.
En effet, la plupart de ces scènes sont ponctuées de fascinantes longueurs. Mais ce n'est pas très grave, car elles permettent au spectateur d'admirer nombre de décors tous plus intéressants les uns que les autres : qu'il s'agisse du célèbre magasin ED de Bobigny ou de l’impressionnant toboggan de Clichy-Sous-Bois, Mehadji m'a laissée rêveuse.
Dans La Vengeance, Morsay nous compte le quotidien d'une jeunesse a l'abandon, voire carrément désaffectée. Tel Virginie Despentes, le réalisateur nous fait le portrait sans concession d'une bande de jeunes diablotins tous plus givrés les uns que les autres... o_o
Morsay tisse sa propre autofiction sur plus de deux heures, qui filent tel l'éclair, même si je dois avouer que je n'ai pas totalement saisi son intention créatrice. En effet, Mehadji fait parfois preuve de sympathie pour autrui, puis deux secondes plus tard il insulte tout le monde de "grands bédo" ; il préfère se limiter a la vente de stupéfiants pour ne pas faire de morts, mais chante des paroles misogynes et homophobes dans toutes les musiques du film.
Il y a un acteur qui parle Anglais avec un accent Américain, et j'avoue ne pas savoir dans quel coin ils ont trouvé ce mec. L'occasion pour Morsay de prononcer barbecue "barbe cul" lors d'un échange culturel des plus délicieux portant sur le shit d'Espagne. Comme quoi la barrière de la langue n'est rien quand on est des #bros :)
Techniquement, le film est une masterclass. Les sous-titres sont REMPLIS de fautes d'orthographe ("c'est quoi" devient "se quoi") ce qui donne un petit cachet expérimental au film.
De plus, comme je vous le montre, les sous-titres blancs se superposent souvent par dessus un fond blanc, ce qui m'a parfois empêchée d’apprécier ces dialogues 2 génie.
J'ai dit que je ne savais pas si Morsay se dépeignait comme un bon gars ou pas. Je pense qu'il a tenté de nuancer son personnage. En témoigne ce délicieux moment de romantisme, quand Morsay alpague une inconnue d'un "eh la miss je te dépose ?" bien charmant.
Bien sur, elle accepte, car quelle femme n'accepterait pas de monter dans la voiture d'un mec inconnu ? Je vous le demande.
Perso quand un mec me klaxonne, j'ai juste envie de lui taper la discut :)
Je ne sais pas si Morsay a utilisé un micro ou son Blackberry Curve pour faire la prise du son, mais entre le bruit du vent, la BO et les voitures qui passent, il a fallu que je mette des écouteurs pour entendre la moitié des dialogues. Mais ils valent le coup, pour preuve :
"Moi t’inquiète pas, eh moi t’inquiète pas, quand j'vais avoir ma voiture, t’inquiète pas pour moi, moi je vais serrer des meufs"
Il y a bien d'autres choses délicieuses a propos de ce film. Les tatouages de croix gammées faits au marqueur noir, le flic qui boit du champagne et de la Maximator en même temps, Morsay qui vole des BN chez ED... et Zehef qui dit "j'ai vendu un t-shirt a un canadien, ça veut dire qu'on va être connu aux États-Unis"
Petit point important : La Vengeance est un film anti police. Morsay wokiste?? C'est très grave.
merci de m'avoir lue :)