Artus films nous permet de découvrir ce film dans sa version intégrale puisqu’il était sorti en salle en France dans une version abrégée condensant les deux parties en 1h51, ce qui faisait presqu’une heure de coupes, et sous un titre totalement imbécile et mensonger puisque c’est en fait Kriemhild, sa femme, qui venge la mort de Siegfried ! Le film reprend à peu près le même découpage que le chef-d’œuvre de Fritz Lang, Les Nibelungen, réalisé en 1924 et lui aussi en deux parties, La Mort de Siegfried (Die Nibelungen: Siegfried) et La vengeance de Kriemhild (Die Nibelungen : Kriemhilds Rache). Harald Reinl, que les amateurs de Bis connaissent surtout grâce à ses Mabuse et à ses « Krimis », recopie même plusieurs scènes du film de Lang, la différence essentielle, outre évidemment la couleur et le parlant, étant que ce dernier était entièrement tourné en studio alors que ce « remake » est en grande partie tourné dans de magnifiques extérieurs naturels, notamment en Islande. Le film est de très bonne facture et a bénéficié d’un budget considérable, malgré quelques points faibles comme le dragon de carton pâte statique et ridicule, et la photographie d’Ernst W. Kalinke, collaborateur de Harald Reinl depuis les années 1950, est splendide avec des couleurs chatoyantes comme on en fait plus aujourd’hui. L’interprétation est excellente, notamment en ce qui concerne Karine Dor (Brunhild) et Herbert Lom (Attila), et à l’exception de Uwe Beyer (Siegfried), un champion de lancer au marteau manifestement engagé pour sa blondeur et ses muscles, dont le sourire imbécile et le regard bovin sont particulièrement insupportables (heureusement il n’apparait que dans la première partie du film). Notons aussi la présence de Mario Girotti qui deviendra célèbre l’année suivante sous le pseudonyme de Terence Hill. Harald Reinl n’est sans doute pas Fritz Lang mais l’ensemble ne manque pas de panache et de rythme et est fort bien filmé. Enfin, la fin du film est d’une noirceur et d’une violence assez surprenante pour un film grand public des année 60. Le film est édité chez Artus dans un beau média book blu-ray et DVD dans une copie qui, à part quelques passages, est absolument splendide.