L’Épée de la discorde !

N'étant pas du tout un spécialiste du wu xia pian et n'ayant vu que de très rares classiques connus et reconnus comme L'Hirondelle d'or ou A Touch of Zen, je n'ai que très peu de points de comparaison dans le genre. Ce qui fait que je ne vais pas écrire une critique le plaçant dans son domaine spécifique, mais plus généraliste.

Alors La Vengeance du dragon noir de Joseph Kuo (que je ne connaissais pas du tout jusqu'ici !) est, comme son titre l'indique, l'histoire d'une quête de vengeance, avec, sans surprise, des cadavres, parsemant tout le long-métrage, de pas beaux occis par l'épée de notre héros, qui se trouve être notre vengeur.

C'est un divertissement honnête. Honnête, en partie, dans le sens qu'on sent le souci constant de Kuo de ne pas laisser la moindre seconde d'ennui. Le générique du début, avec le protagoniste chevauchant fougueusement, annonce bien la couleur. La durée est inférieure à une heure et demie. Ce qui apporte un avantage (à savoir qu'en effet, on n'a pas le temps de s'emmerder !) et quelques défauts.

Parmi ces derniers, on a des personnages féminins sous-exploités. Et en quoi cette épée est réellement importante ? Ce n'est pas creusé, ça. Il y a quelques accélérés trop visibles lors de quelques combats dans la seconde moitié, comme si le cinéaste voulait gratter, par-ci par-là, le plus de temps possible. Dans cette même optique, la fin arrive abruptement. À la seconde, lors de laquelle, c'est terminé, c'est terminé, pas de rab.

En dehors du cadre de ce reproche spécifique, les séquences d'affrontement, lors desquelles le héros est face à plusieurs ennemis à la fois, ne parviennent pas à être aussi maîtrisées que celles que l'on pouvait voir, à peu près à la même époque, dans un Kurosawa ou dans un Okamoto, la mise en scène laissant quelquefois trop de possibilités aux ennemis, pour être crédible, de zigouiller leur seul adversaire ; pour être plus précis, dans le sens qu'il y a trop d'espace pour chacun des antagonistes (donc une marge de manœuvre plus large pour eux !), alors que plus c'est serré, plus c'est à l'avantage du héros (et plus la scène est vraisemblable !). Ah oui, un truc qui m'a amusé, c'est que quand le protagoniste balance aléatoirement une arme en l'air (comme un sable ou une flèche !), elle atterrit forcément sur... ou plutôt dans un méchant.

Mais, autrement, il y a du positif, bien positif, et je tiens à conclure sur cela parce que, globalement, j'ai passé un bon moment.

Déjà, sur le thème de la vengeance, l'histoire n'y va pas du tout en mode bourrin, en faisant s'interroger aussi bien le personnage principal que le spectateur sur son bien-fondé. Il y a, en conséquence, un petit fond. Ensuite, la réalisation n'est pas avare pour ce qui est de profiter (et de faire profiter !) au maximum de la beauté des extérieurs taïwanais (oui, c'est du Made In Taiwan !), servant souvent de cadre aux duels. Et, pour finir, les confrontations un contre un sont impeccables. Trois points qui font que l'on ne regrette pas d'avoir visionné ce film.

[Merci à Docteur_Jivago pour le choix de la séance et pour la découverte.]