La Vénus à la fourrure par JimAriz
Roman Polanski réadapte une nouvelle fois une pièce de théâtre après Carnage, pour du théâtre filmé ? Non ! Puisque la Vénus à la fourrure est un pur objet de cinéma.
C'est l'histoire de Wanda, actrice aussi insupportable que douée, qui vient passer l'audition d'une adaptation de la Vénus à la fourrur de Sacher-Masoch. Le metteur en scène refuse d'abord de l'écouter avant que que son talent ne lui attire l'attention. Le film est donc une longue répétition de cette pièce, au cœur d'un théâtre lugubre de Paris, au milieu d'anciens décors de westerns. Tout en finesse et subtilités, la fiction de la pièce se mélange à la réalité, tellement qu'on ne voit plus la distinction entre la Wanda/actrice et la Wanda/personnage (rupture qui était évidente au début du film grâce au changement de ton d'Emmanuelle Seigner). Au début au voyait le metteur en scène qui, de par son statut, dominait l'actrice jusqu'à ce que, petit à petit, tout s'inverse, jusqu'à ce final flamboyant. En cela le film de Polanski poursuit la réflexion de Sacher-Masoch sur le rapport dominant/dominé en y ajoutant une touche féministe.
La Vénus à la fourrure est une réussite indéniable, un scénario en or adapté avec merveille par un des plus grands faiseur de huis-clos. Ce n'est pas du théâtre filmé puisque même si le décor est unique, Polanski nous emmène dans plusieurs endroits différents, entre fiction, fantasmes et réalité. C'est une fois de plus une mise en scène d'exception. Mais la réussite vient aussi et surtout des deux acteurs. Mathieu Amalric déguisé en Polanski, absolument parfait en double du réalisateur et Emmanuelle Seigner qui réussit la prouesse de trouver le ton juste sans tomber dans la caricature. A noter aussi la formidable musique d'Alexandre Desplat dont le cinéma de Polanski lui sied décidément si bien.
C'est une merveille, un des meilleurs films de Polanski, qui a été très injustement oublié au dernier festival de Cannes.