Polanski aime de plus en plus les huis-clos. Il a donné avec ce genre une de ses meilleures réussites (La Jeune Fille et la Mort) et un raté total (Carnage). Alors ? Cette fois, ni l’un ni l’autre. L’exposition est carrément pompée sur celle de Susie et les Baker Boys. Mathieu Almaric ressemble à Polanski d’une manière hallucinante et Emmanuelle Seigner à Sharon Stone d’une façon plus subtile et un peu décalée… sauf à la fin où elle danse sataniquement… C’est plutôt pas mal à partir du moment où l’équivoque entre la scène et la vie se développe et où les deux protagonistes se mettent à dire le texte en se prenant au jeu de ce rapport trouble et excitant. Les obsessions de Polanski autour de la mort de sa femme et de la sexualité ressortent une fois de plus, magnifiées par l’œuvre de Sacher-Masoch, dont l’adaptation est assez réussie à mon goût. À ce sujet, ouvrons une parenthèse : le masochisme n’a rien à voir avec le sadisme, auquel on l’associe trop souvent par un effet de non-réflexion et de facilité sociale… cf : le nombre de commentaires dans ce sens sur le site. Je conseille à tous les séraphins de la sexualité de lire à ce sujet Critique de Sacher-Masoch de Gilles Deleuze où il est dit clairement (et c’est une évidence !) que le partenaire du sadique ne peut en aucun cas être le masochiste et vice-versa. Pour preuve la fameuse blague où l’un dit à l’autre « Fais-moi mal », l’autre répondant : « Non »… Le terme même de SM, si souvent galvaudé, est donc une fausse piste et devrait être proscrit. Pour revenir au film, la fin en suspens ne m’a pas convaincu bien qu’elle s’inscrive dans le droit fil du sujet en maintenant l’équivoque (ou l’ambiguïté). Cependant, il y a tout de même quelque chose qui me paraît là un peu paresseux, genre (pour reprendre un mot culte du film) : « Cherche la fin tout seul, moi je n’ai pas eu d’inspiration »… En conclusion : Polanski, élève surdoué de la caméra et de la direction d’acteur a parfois besoin qu’on lui écrive des scénarios solides pour être consistant. Pas mal mais peut mieux faire et a déjà fait mieux.