L’avènement de l’animation en images de synthèse a permis à de nouveaux studios de tenter leur chance. Malheureusement l’ombre des grands studios tels que Pixar ou Dreamworks a souvent été trop imposante. La véritable histoire du chaperon rouge mérite un peu plus de lumières.
Mais avant cela, il faut passer par une épreuve, celle de l’acceptation du rendu visuel. Le film souffre d’une animation 3D encore rudimentaire, qui lui donne un aspect un peu dépassé et trop impersonnel, le lot de nombreuses autres productions mineures de cette époque. Il faut l’accepter.
Car le film se démarque par son inventivité et son humour. Le conte du chaperon rouge est ici revisité comme une enquête policière. Le début est connu : le chaperon rouge arrive chez Mère-Grand, le Loup est déguisé, la grand-mère ligotée et le bûcheron arrive. Mais c’est bien plus compliqué que ça. Les enquêteurs interrogent chacun des 4 personnages. Chacun raconte ce qu’il a vu, et c’est le croisement de ses histoires qui dénouera l’énigme.
Le procédé est connu, Rashōmon représente la figure tutélaire de l’exercice. Mais c’est ici utilisé avec un grand humour, dont l’enjeu n’est pas tant d’avoir le fin mot que de découvrir comment tous ces récits s’imbriquent, pour parfois mieux nous surprendre. Le conte du chaperon rouge est repris et bousculé, le chaperon rouge est une petite fille maligne, le Loup a un vrai travail, le bûcheron a d’autres aspirations et Mère-Grand est une grande sportive, sans vouloir trop en révéler, et il en reste encore à découvrir. Chaque personnage est détaillé, possédant une personnalité dont on découvre progressivement toute la mesure, loin de la simplicité habituelle des films pour enfants.
La véritable histoire du Petit chaperon rouge a été l’un des premiers films d’animation 3 indépendants de ces années 2000. Plus par choix, personne n’en voulait, que par conviction artistique. Cette liberté lui a permis d’avoir un scénario riche et inventif, plus à même d’être apprécié par les plus grands que par les plus petits. Cela s’est fait au détriment d’une technique qui a mal enduré le poids des années. Ce n’est pas si important, le film est original et amusant, décalé et pas abêtissant.
Une suite est sortie en 2011, mais sans le même panache.