Gros succès public de 1997 La vérité si je mens ! est un divertissement de très honnête facture, certes moins désopilant que sa suite tournée quelques années plus tard mais pourtant plus intéressant dans sa description sociologique.
Le film tourne principalement autour du personnage d'Eddie Vuibert ( Richard Anconina, très juste ), un goy pris à son corps défendant pour un ashkenaze par la communauté juive du quartier parisien du Sentier. D'abord dans le besoin, sans argent ni relations Eddie va au fil du film adopter les coutumes et le sens des affaires intrinsèques à son nouvel entourage, tomber amoureux de la fille de son patron ( Amira Casar, remarquable ) et affronter ce dernier en montant sa propre entreprise dans l'espoir d'impressionner la jeune femme...
Le film bénéficie d'un très bon rythme, s'avère souvent drôle voire même assez fin dans ses moments les plus réussis. On salue entre autres choses la présence irrésistible du regretté Elie Kakou, impérial en vendeur/styliste cocufié par sa promise et l'interprétation fugace mais mémorable de Victor Haïm en rabbin soudoyé par Eddie. Le film tient parfaitement la route, étayé par des rebondissements crédibles et des situations savamment documentées. Richard Bohringer livre de son côté un rôle de tout premier choix en incarnant un patron paternaliste et charismatique totalement imparable.
Une très bonne comédie, joliment écrite et très correctement filmée par Thomas Gilou ( également auteur des films sociologiques que sont Black mic-mac et Raï, deux longs métrages d'ores et déjà tournés dans le cadre de communautés clairement identifiables ). Un classique du cinéma français de la fin des années 90, à voir et à revoir en boucle à l'instar de sa première suite...