Jacques est un agent immobilier qui a à priori tout pour être heureux ; un travail, une compagne, mais tout cela cache en fait une crise profonde qui va exploser le jour où il va se marier sur un coup de tête. A partir de ce moment-là, rien ne va plus, il va être licencié, et va sombrer peu à peu dans son monde, perçu par les autres comme de la folie.
Premier film d'Alain Jessua, on retrouve déjà le principal thème qui va parcourir son œuvre ; celui d'une personne en marge de la société, qui va rompre avec le qu'en dira-t-on, et vivre sa vie comme il l'entend. C'est le cas de Jacques, très bien joué par Charles Denner, qui est très bien comme il l'est, persuadé de faire disparaitre les gens par la pensée parce qu'il veut être seul, et errer dans un Paris désert. Sa compagne est incarnée par Anna Gaylor (épouse du réalisateur), et représente elle aussi un côté ingénue, mais dont les rapports vont s'inverser quand elle va voir à quel point son mari sombre. C'est aussi un des premiers rôles de Jean Yanne, qui incarne le patron de Charles Denner.
Quelque part, c'est une version plus sombre d'Alexandre le bienheureux, sans gags, mais qui interroge sur la place de l'Homme dans la société où le bonheur n'est pas forcément dans le travail ni dans l'amour, mais dans l'hédonisme, ce qui est mal accepté par la société de l'époque.
Bien Jessua ne fit pas partie de la Nouvelle Vague, on y retrouve cette même économie de moyens, très peu de décors, un noir et blanc de toute beauté... et un rythme parfois longuet, où la voix lancinante de Charles Denner ferait endormir une cathédrale.
Il n'empêche que la base de la carrière d'Alain Jessua soit déjà posée avec ce premier film, qui dénote un peu par rapport aux discours de l'époque, à savoir que le travail rendrait heureux.