La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2 par LioDeBerjeucue

Occultons la formidable bande dessinée de Julie Maroh dont il ne reste que l'unité de lieu et le personnage d'Emma (très bien interprété). A ce stade de gâchis, on ne peut plus parler d'adaptation. Le réalisateur a peut être lu la BD, l'a digérée, et l'a chiée.

Je crois que la seule explication admissible à ce ramassis de voyeurisme c'est qu'il est tombé en pamoison devant son actrice, et qu'il a décidé d'en faire son support masturbatoire. Ca s'est déjà vu. Adjani, Béart, et tant d'autres. Il parait qu'il faut que le réalisateur tombe un peu amoureux de son actrice, il parait que ça fait de beaux films, de beaux personnages de femmes. Il parait. D'accord. J'ai aimé ce genre de point de vue au cinéma. Je l'ai encore vu récemment dans le dernier Ozon, c'était déjà limite, mais ça passait, parce que j'ai aimé le propos.

Mais là, non, c'est inqualifiable.

Les fameuses scènes de sexe. Si on place la vie d'Adèle dans le genre film pornographique lesbien interprété par deux actrices lesbiennes (je veux dire, un vrai film porno pour filles qui baisent les filles, pas le film porno de base où des filles se tripotent avec des ongles de 5 cm en criotant en attendant qu'un mâle vienne les sauver) elles auraient été acceptables, quoique les goudous diraient que le tribadisme ne vient pas spontanément dans un premier rapport, ni les fessées (comme dans une première fois entre hétéros d'ailleurs), ni le fist fucking.

Mais puisqu'on place la vie d'Adèle dans la catégorie drame grand public, c'est non, pour moi. C'est non.

Pas par accès de pudibonderie, mais parce que j'ai éprouvé de la compassion pour elles.

Elles ont mal, ces actrices. Elles ont de la répulsion. Léa Seydoux l'a dit en interview, elle n'a aucune affinité avec la cause LGBT, elle était contente de pouvoir laisser tomber son personnage de lesbienne pour se "lover dans les bras d'un garçon" (pour le film dont j'ai oublié le titre où elle interprète la compagne d'un travailleur du nucléaire) Elles ne peuvent même pas simuler la passion et le désir entre femmes tant elles sont mal à l'aise. Elles ont pas signé pour ça. Elles n'ont pas envie de coucher l'une avec l'autre, même pas par curiosité, même pas parce qu'elles sont comédiennes et qu'elles ont envie de prendre des risques dans leur métier ou d'interpréter un rôle fort.

Et pourtant, elles prouvent tout au long du film qu'elles ont du talent. Qu'elles suivent des directives visiblement éprouvantes à la lettre, à la perfection.

J'en veux à ce réalisateur de regarder les femmes ainsi. Je suis en colère.

Je vais relire la BD pour me laver de ce sale film.