Attribuer un prix reste un acte très subjectif, aimer le film qui a remporté la palme d'or du Festival de Cannes l'est aussi et appartient à chacun d'entre nous. Peut-on alors essayer de se détacher du prix pour apprécier le film dans toute notre sensibilité propre ? Cela m'a semblé indispensable pour aborder La Vie d'Adèle car avec tout le raffut qu'on en a fait, j'en étais presque dégoûtée avant de le voir...

J'ai beaucoup de mal avec les films qui durent plus de deux heures, car bien souvent, là où le réalisateur pense déployer son art, il m'embarque dans un voyage sans fin dans la lourdeur et l'ennui... Être concis, ça c'est un art ! Je reconnais un excellent film, quand malgré sa longueur, il me captive de bout en bout, c'est le cas de La Vie d'Adèle.

Je le dis sans détour, j'ai tout aimé dans ce film. Le début, le milieu, la fin, chaque scène est scrupuleusement montée. Un repas, un cours de littérature, une dispute de lycéens, devient ce moment intime et puissant de la vie d'Adèle qu'on ne saurait interpréter autrement que tel qu'il nous est projeté là, à nous spectateurs, dans cette salle de cinéma où nous resterons passifs du début à la fin, témoins de la passion et du néant qu'elle laisse dans une vie. Frapée par cette histoire d'amour dévorante, je suis restée là, contemplative, dans tout ce qui fait la force et la faiblesse d'une rencontre qui marque une vie à jamais.

Malgré la polémique autour des conditions de tournage, je m'en fous je le dis, merci Kechiche pour chacune de ces scènes qui portent ton art à son sommet mais aussi tes actrices. Les scènes de cul qui ont heurté certains par leur longueur et leur pénibilité et qui sont au cœur de la critique, transcendent le film et font de La Vie d'Adèle un chef d'œuvre dans l'intensité des émotions qu'il génère.

La Vie d'Adèle n'est pas un film sur l'amour entre deux femmes, ce n'est pas une ode à l'homosexualité ou un vulgaire film dans la mouvance du "mariage pour tous", c'est un fragment de vie aussi puissant qu'émouvant, c'est juste la vie d'Adèle, c'est un chef d'œuvre.
clem_c
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le 11 oct. 2013

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