Une bien poignante solitude latente hante la vie d'Adèle

Adèle est sale comme l'adolescence l'est d'un je-m'en-foutisme, sa bouche est innocemment lascive, charnue, tiédie à la rencontre, entrouverte quand elle s'endort d'une demande non rassasiée. Adèle cherche le pourquoi d'un désir ardent s'immisçant dans ses songes, triturant ses entrailles de plaisir jusque dans son inconscient, la sueur et les tremblements la réveillent. Elle essaie avec un garçon, comme pour mieux se mentir ou se convaincre d'une nécessité de se battre autrement, cette expérience est un échec lui portant dégoût, ça lui déchire l'âme d'incompréhension. Elle croise quelqu'un d'autre dans la rue, le regard d'une femme aux cheveux bleus qui la hantera. Emma. Elle la rencontre, c'est elle qui donnera sens à sa cicatrice intérieure, elle qu'elle aimera avec démesure, comme l'on aime, comme l'on ne saurait qu'aimer d'absolu du délectable qui fait sens. Elle, qui lui apprendra tout de son expérience, sauf à aimer comme elle ne sera jamais aimée en retour. La rupture est faite, ses amies la raillent dès le lendemain, l'inondent d'injonctions de haine et d'impudeur. Ce point culminant d'une forte violence porte le seul passage de laideur du film, l'insondable bêtise humaine. Elle ne voit pas tout dans sa relation naissante, bien sûr, comme n'importe qui, elle profite, elle devient sublime, lumineuse, épanouie d'un présent qui ne cesse d'être, elle ne verra que plus tard, pour le reste, bien assez tôt, elle déchantera dans ses sanglots, masquera sa douleur au travail, s'endurcira, elle vivra le manque d'elle, elle en crèvera à petit feu chaque soir, suite à une glaçante dispute résultant de son adultère, fruit d'un manque d'affection criant à son encontre, mais est-ce "seulement" ça ? Qui a vraiment aimé l'autre dans cette histoire ? A en perdre toute raison, à sublimer l'autre dans chaque soupir. Ravalant tout fierté de fait, prête à tout pour raviver d'insatiables brasillements. Oui. Elle continuera d'espérer jusqu'à la fin. De la rejoindre, de tout recommencer. D'aimer, de crever d'envie d'elle, du moindre de ses gémissements, du moindre de ses sourires à chérir. Mais préalablement à tout ceci, avant que tout ne s'étiole et s'enlaidisse de non-dits, elle devint la Muse de chacune des œuvres d'Emma, fignolant avec grâce les croquis de sa compagne de vie commune et dulcinée passionnée de chacune de ces si convulsives nuits. Ce qui ne pouvait laisser quiconque indemne, et ce à jamais. Ce dos que nous apercevons d'elle, s'éloignant de nous est le début de la fin d'une époque bien révolue, pour un ailleurs lui prodiguant sens et respect, en phase avec elle-même et son propre vécu d'aujourd'hui.


Une bien poignante solitude latente hante la vie d'Adèle et il y a quelques scènes vraiment sublimes, assez bouleversantes de nudité, d'interprétation des corps, alors oui le Voir!


Peu importe qu'il ne soit pas le chef d’œuvre présumé.


Et surtout le ressentir, la ressentir intimement, être en elle avec une grande compassion au plus près de sa souffrance.

Grégory_Pichot
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le 29 oct. 2013

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Grégory_Pichot

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