Il y avait longtemps que je ne m'étais plus immergée dans cet univers si particulier du cinéma japonais, longtemps que je n'avais plus connu cette lenteur dont notre oeil moderne s'est déshabitué, cette réalité nimbée de poésie malgré le destin tragique qui frappe les êtres et surtout les femmes...


On est dans le Japon du XVIIe siècle, et Oharu, prostituée sur le retour, a pris le parti de se moquer d'elle-même, prévenant les quolibets et les brimades qui sont désormais son lot quotidien : une simple façade qui recèle un désespoir et une tristesse incommensurables au souvenir de cet amour défendu par sa caste qui lui valut l'exil et marqua le début de ses malheurs.


Le parcours d'Oharu c'est celui de la femme victime de l'homme à qui elle doit se soumettre abdiquant sa volonté et ses désirs propres : père, mari, amant, ce sont eux qui détiennent le pouvoir, et quand le bonheur semble vouloir s'installer, il est de courte durée, un événement funeste précipitant de nouveau l'héroïne dans sa condition première et l'enfonçant dans sa déchéance.


Le portrait saisissant d'une femme, noir et tragique, mais au-delà la volonté d'un cinéaste engagé, à sa façon, pour dénoncer la brutalité de l'homme, dominateur et machiste, jouisseur et sans scrupules, un monde où la femme, doit se soumettre ou se démettre, et l'art de filmer les détails d'un quotidien dans des scènes d'une extrême cruauté : une image choc, le désespoir de celle qui a perdu ses cheveux après une grave maladie et doit affronter le regard et le mépris de son mari...


Une belle réalisation d'un esthétisme dans lequel on se laisse aller lentement, et qui marque.

Aurea

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