Parfois, un film fait presque tout ce qu’il faut pour nous séduire, mais se plante sur la fin, avec des rebondissements inutiles à gogo qui ne font que rabaisser le propos défendu. C'est malheureusement le cas ici avec La Vie de David Gale d'Alan Parker, qui est un très bon film ... jusqu’à la dernière demi-heure. Non vraiment j'insiste, ce final est tellement alambiqué, qu'on en oublierais presque à quel point la première heure et demie est prenante.
David Gale (Kevin Spacey) est un professeur de philosophie du Texas et militant contre la peine de mort, qui a une vie familiale quelque peu compliquée (en instance de séparation avec sa femme). Sa vie s’effondre encore plus lorsqu’il est accusé de viol par une étudiante beaucoup trop allumeuse et trop sexy pour être vraie (la bombe atomique Rhona Mitra). Il sera finalement acquitté, mais ne pourra échapper à la sentence publique et perdra son poste à l'université. Plus tard, lorsque sa meilleure amie et collègue (Laura Linney) est retrouvée morte, David Gale est accusé de l’avoir violée et assassinée. Il sera alors reconnu coupable et condamné à mort. Alors qu’il ne lui reste que quelques jours avant son exécution, il demande de l’aide à une journaliste (Kate Winslet) à qui il raconte son histoire. Très vite, elle est convaincue de son innocence et tente de rassembler les preuves qui pourront lui sauver la vie.
Jusque là, tout va bien va, La Vie de David Gale est un drame vraiment intense et on est impatient de connaitre la suite. Si le film en restait là, sur l’histoire d’un homme accusé à tort et enfermé dans le couloir de la mort, le film mériterait un bon 8/10. Toutes les tentatives de dernière minute pour prouver son innocence sont parfaitement mises en scène. Elles sont entrecoupées de flashbacks sur David Gale qui raconte au présent la version de son histoire. Les personnages sont attachants et on milite en leur faveur. On veut les voir réussir dans leur mission désespérée de sauver la vie de David Gale. Et puis voilà que le scénariste Charles Randolph décide au final, d’en faire un thriller conspirationniste complètement farfelu.
Durant toute la dernière demi-heure, je ne savais plus trop qui savait quoi ou faisait quoi dans tout ça. Presque tous les personnages jouent en réalité un double jeu et moi je me sens trahi comme spectateur. Non seulement ce revirement de situation n'est pas convainquant, c'est même totalement farfelu, mais surtout ça ruine totalement le message du film. Au lieu de militer contre la peine de mort, le film se ridiculise avec un twist final à la M. Night Shyamalan qui ne convainc personne. Quels que soient les efforts entrepris par les personnages pour militer contre peine de mort (et j'espère bien que c'est réellement un film contre la peine de mort), on ne retient que le twist final qui piétine le propos initial. A l’exception peut-être de la journaliste (Kate Winslet), qui est la seule qui finira par connaître la vérité sur toute cette histoire, tout le reste n'est que mensonges et fumisteries.
Plus généralement habitué à jouer les bad guy et autres psychopathes, Kevin Spacey hérite ici du rôle du père aimant, homme sensible et tendre. Lorsqu'il apparait pour la première fois à l'écran, au bout de dix ou quinze minutes, y'a tout de suite quelque chose qui cloche. Ce n’est pas qu’il est mauvais, c'est juste que ce n'est pas le bon acteur pour le bon rôle. Autant Kevin Spacey est très à l'aise lorsqu'il interprète des personnage machiavéliques et fourbes, autant là on a du mal à y croire ... quelque chose dans le regard de l'acteur qui ne correspond pas au rôle, ce qui créé une déconnexion avec le spectateur.
Et puis il y a Kate Winslet, une actrice que j'adore, mais qui ici est très mal dirigée. On comprend très vite pourquoi Alan Parker l'a choisit, pour le cliché qu'elle représentait à ce moment là de sa carrière (pour son rôle dans Titanic et dans les films dramatiques). Il l'a clairement choisi pour deux ou trois scènes clés où on la voit pleurnicher. Elle s'exécute gentiment, mais on ne retient rien de plus de son personnage (mis à part pleurnicher). Que veut-elle ? Où va-t-elle ? On a l'impression qu'Alan Parker s'en fiche éperdument. Je n'ai jamais vu Kate Winslet autant perdue que dans ce film.
J'ai vraiment beaucoup aimé La Vie de David Gale durant les trois premiers quarts du film, jusqu’à cette dernière demi-heure qui vient tout gâcher. Cette fin complètement foireuse transforme un drame poignant en un mauvais thriller putassier. Malgré tout ce que je reproche au film (la fin raté et le choix des deux acteurs têtes d'affiche), j'ai beaucoup trop aimé les intention initiale du scénariste et la direction d'Alan Parker pour le descendre gratuitement (6.5/10).