Voici un excellent film signé Alan Parker. Il est à mi-chemin entre le thriller psychologique et le film d'enquête politique.
Dans ce film est narrée la descente aux enfers de David Gale magistralement incarné par Kevin Spacey. C'est un universitaire éloquent et bon vivant à qui la vie souriait, et qui soudain perd progressivement tout : famille, amis, respectabilité, réputation, poste prestigieux. Et commet l'irréparable, jusqu'à se retrouver face à l'échafaud...
On découvre progressivement la vie de cet homme troublant et sulfureux mais mystérieusement attachant à travers le point de vue d'une jeune journaliste indépendante et fonceuse : elle est jouée par l'excellente Kate Winslet, très crédible. À cela on rajoute la meilleure amie de David Gale, militante contre la peine de mort jouée par l'exceptionnelle et touchante Laura Linney, celle dont le meurtre mystérieux et sordide entraîne la condamnation à mort de David Gale. Mais le condamné affirme être innocent.
Les seconds rôles sont réussis, que ce soit le stagiaire accompagnant Kate Winslet qui ajoute un peu d'humour, l'avocat prétentieux de David Gale, et le cynique gouverneur du Texas, avec ses yeux fourbes à la Richard Nixon.
Ce film est déroutant, car l'histoire racontée l'est tout autant : Doute et mystère s'insinuent. J'ai aimé, tout comme l'histoire racontée m'a plu non seulement par le talent des acteurs, mais par sa portée philosophique : Les convictions et l'engagement doivent ils s'opposer à la vie, au bonheur, au plaisir ? Peut-on vivre le cœur léger alors que des choses que nous ne supportons pas se déroulent chaque jour au quotidien ?
Comme le dit David Gale dans ses cours d'université : C'est beau d'avoir des rêves, des convictions, mais ce rêve d'un monde différent doit-il se substituer à la vie, au bonheur de vivre ?
Ce film nous interroge donc sur le juste milieu : doit-on être modéré dans ses convictions, au risque d'être trop laxiste, voire lâche, ou bien ferme et convaincu, au risque d'être extrémiste, de répéter les comportements de ses adversaires...Ce combat perpétuel entre modération et extrémisme a construit la civilisation humaine sur touts les plans, économiques comme sociaux. Et le film s'interroge sur le sens de ce combat, à travers une histoire inattendue et poignante.
De plus, le rôle des médias est très bien mis en avant, de façon pertinente. L'ambiance carcérale me fait penser à "Jugé Coupable" mais ce film est très différent...
J'ai bien fait de ne pas lire de résumé du film : le découvrir progressivement apporte un supplément et nous surprend.
D'ailleurs, ce film prouve une nouvelle fois que la peine de mort n'a aucune place dans la société humaine : Victor Hugo et Robert Badinter l'ont bien dit.
Et même si vous êtes contre le message porté par ce film, vous serez sans doute convaincu par son intensité, le talent de ses acteurs, et par son sens philosophique.
Alan Parker, que je découvre, m'a tout l'air d'être un grand réalisateur.