La Vie de Jésus parce qu’on apprend la souffrance, parce qu’on est soumis à la Tentation du Mal au risque d’y plonger tout entier. Notre héros chute de sa mobylette pour se retrouver projeter dans l’herbe, ainsi rabouché à sa nature première et fondamentale : la nature duelle de l’homme. Si le film s’inscrit dans des décors épurés et simples, c’est pour y puiser une force primale ou primaire de sorte à faire éclater au grand jour le déchirement intérieur. Car ici chacun est caduque, déchiré, plié sur soi. Les corps jouissent, luttent, se heurtent, sont meurtris par la vie où rien n’est tabou car tout est dans la nature. Le choix d’un format cinémascope permet d’ailleurs de saisir l’explosion : le cadre ne se contente pas de capter les gestes de ses personnages, il est saturé, débordé de nature ou d’une culture vidée et enveloppante. Bruno Dumont saisit la puissance d’une altération entre les êtres et au sein de ses mêmes êtres. Une merveille.