Icône du cinéma, protagoniste d’œuvres majeures qu’elle irradie de sa beauté, de sa grâce, de son caractère bien trempé de méridionale et de son talent, Sophia Loren a su à elle seule élever des scènes au statut de monuments du 7ème art : la séduisante vendeuse de l’Or de Naples, l’incarnation de la Pietà dans la Ciociara ou encore l’irrésistible courtisane de Hier, Aujourd’hui et demain, pour n’en citer que quelques-unes.
Or, portée disparue des tournages, maintenant âgée de 86 ans, Sophia Loren n’a pas pu opérer ici de miracle. La faute d’abord et avant tout au scénario, pourtant co-signé Ugo Chiti (proche de Matteo Garrone), réécriture du roman de Romain Gary (ou plutôt d’Emile Ajar), prétendant à bon escient moderniser l’histoire en la rendant plus actuelle, mais centrant le récit sur le jeune Momo dont les déviances manquent de vraisemblance, fourmillent de clichés du genre et deviennent vite redondantes au détriment de la partie humaine et affective pas assez approfondie.
On a bien l’impression que Edoardo Ponti, qui a pourtant eu la chance de voir sa mère accepter ce qui sera l’un de ses derniers rôles, a voulu ratisser large, en ralliant un public plutôt simple et jeune au moyen d’une musique entraînante, d’une action immorale mais ici bénéfique, d’une vulgarisation du récit et d’un discours manquant de nuances, et ce au lieu d’offrir un hommage à celle qui méritait au moins ça.
Une sensation de gâchis donc, même si Sophia Loren parvient à glisser des bribes de grâce, quoique insuffisantes.
5.5/10