Voici un petit film sympathique à regarder, mais manquant un peu de crédibilité parfois.
Les deux jeunes acteurs se débrouillent fort bien, surtout le plus grand qui joue le personnage d'Adama : bonne bouille, mimiques saisissantes et belle expression des sentiments.
Le scénario est un peu cousu de fil blanc : deux gosses de banlieue, qui vivent des choses pas trop drôles (surtout le plus grand) trouvent du cannabis et se lancent dans le trafic, pour gagner quelques sous. Ils sont confrontés à la violence des dealers, à la guéguerre des gangs, un monde trop cruel pour leur jeune âge. Ils sont vite instrumentalisés par leurs aînés et la quantité de drogue à vendre les dépasse.
Adama sera alors "sauvé" par ses professeurs qui lui donnent l'envie d’apprendre et vont même jusqu'à l’extraire de son milieu, devenu trop dangereux pour lui.
C'est une vision un peu angélique de l'école et du rôle que peuvent avoir les professeurs, mais qui se défend tout de même, car il est vrai que la réussite scolaire a permis à de nombreux jeunes défavorisés de trouver leur voix et se sortit de leurs milieux modestes.
Cependant, dans le cas présent, j'ai trouvé la métamorphose d'Adama un peu artificielle. Il s'intéresse à la poésie d'Aragon et à l'action du groupe Manouchian et y trouve des valeurs universelles de combativité et l'altruisme, de façon un peu rapide et inattendue, je trouve.
Que Mamadou, à son âge, se permette de dire "j'arrête" quand la situation dégénère, est, à mon avis, pas trop crédible dans la bouche d'un si jeune garçon, mais bon, on peut parier sur sa précocité.
Par ailleurs, la vie dans les cités, est à mon sens, plutôt bien rendue, avec la galère de la recherche d'emplois, les familles mono-parentales, le problème des fratries séparées par la polygamie difficile à assumer en France, les retours au bled, les petits boulots tenus par les enfants pour aider leurs parents, les flics jouant au jeu du chat et de la suris avec les dealers au pied des tours etc.
Ce sont des choses que je vois souvent, habitant dans le même département que là où a été tourné ce film (en Seine-Saint-Denis).
On peut donc dire que le problème de crédibilité du film se joue plutôt au niveau des personnages et du scénario, un brin naïf et caricatural, que de la peinture sociale.
Il peut même redonner espoir à certains, tournant le dos à un certain déterminisme social et il a le mérite de casser certains clichés sur les habitants des quartiers dits "difficiles". De plus, les deux gosses sont franchement attachants.