La quintessence de l' Art et du Coeur de Capra.

Il était une fois Franck Capra, né en Sicile,
qui arriva en Amérique avec ses parents à l' âge de six ans
et fit son chemin jusqu'à devenir,
un des cinéaste les plus oscarisés d'Hollywood, (New York -Miami)
défendant avec brio
un idéalisme fait d'intégrité morale et d’exaltation des valeurs de la solidarité et de la famille,
dans le contexte de la Grande Dépression des années 30. ("Vous ne emporterez pas avec vous")


Après avoir eu le sentiment de servir sa patrie
en commettant une série de films de propagande, Pourquoi nous combattons,
il revint à Hollywood, fonder sa société de production joliment nommée LIBERTY
et réalisa ce film,
où il exhorte ses concitoyens sortis vainqueurs de la guerre,
à ne pas oublier les valeurs qui ont fait la grandeur de l’Amérique.


Il fit à un bide à sa sortie en 1946.
Et notre brillant Capra, meurtri,
perdit la foi en son cinéma, ne réalisant plus que des films mineurs.


Comme me le fit remarquer un non moins brillant philosophe que je côtoie ( merci à lui ),
cet échec est révélateur d'une Amérique qui abandonne à ce moment là l' héritage rooseveltien incarné par ce ringard de Georges Bailey,
pour sans vergogne se jeter dans les bras d'un capitalisme aux appétits sans fin
exploitant sans scrupule la misère et les bas instincts,
l' Amérique d'Henry Potter, ancêtre de Charles M Burns le milliardaire cette bonne ville de Springfield dans la série **Les Simpson.


Prêtez attention à cette séquence du film, où Bedford Falls est métamorphosée en Pottersville et son clinquant vulgaire, cette violence qui déborde des rues, une absence de dignité qui partout humilie et avilit les hommes: l' Amérique telle qu'elle a pu devenir à son plus sombre.


Avec le temps, sublime revanche, life's wonderful devint un film culte pour de nombreux américains, qu'ils regardent religieusement chaque Noël dans leurs foyers.


Il le doit à ses qualités intrinsèques, le temps maître étalon des valeurs,
mais peut être aussi, j'en fais le pari, à une sourde nostalgie pour une Amérique révolue (? ), où l' individu se dévoue à sa famille et sa communauté, la petite ville américaine par excellence.


Le génie de Capra est d'avoir transcendé le sentimentalisme du film de Noël par son art consommé de la comédie menée à un tempo allégro qui ne nous laisse pas le temps de nous attarder sur ses ficelles.


Il est d'avoir tempéré son idéalisme politique traversé de saines colères, envolées lyriques à la ** Monsieur Smith au Sénat** , par un pragmatisme redoutable nous démontrant que le système Georges Bailey, sorte de sécurité sociale solidaire, fonctionne.


Il est enfin d'avoir fait reposer le film sur sur les épaules du formidable Jimmy Stewart, qui à trente-huit ans bien sonné incarne avec un naturel bluffant un jeunot de vingt ans,
partant pour conquérir le monde, mais bien pataud pour conquérir sa belle,
qui du coup, fait tout le boulot...
Un acteur capable de jouer avec autant de conviction l' enthousiasme du boy scout amoureux que le désespoir le plus noir, la violence aveugle,une rage contre les autres, un mépris de lui même , dessinant un personnage grandiose d'humanité et de dignité humble.


Toutes les symétries, les emboîtements qui peuplent le film et ses personnages, les décors de Bedford Falls (parmi les plus grands jamais construits à Hollywood ! ) forment un cocon,
une famille à laquelle les spectateurs ont envie d' appartenir, le temps d'un film, avant que ne survienne un "happy end", où mêmes les plus cyniques, les cinéphiles les plus blasés se laissent prendre.


Vous voulez savoir si quelqu'un de votre entourage a du cœur ? Montrez lui ce film, et quand la lumière se rallume, scrutez ses yeux. Vous les verrez briller...des feux de l'émotion la plus profonde .


Capra nous plonge en apnée de désespoir, et nous en fait ressortir , tout haletant, respirant reconnaissant de vivre, de se sentir humain car un "homme ne connait pas l' échec s'il a des amis"

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le 6 janv. 2017

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PhyleasFogg

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