Lorsque l’amour d’un père l’emporte sur le désespoir

Benigni signe ici un chef d’œuvre magistral, d’une finesse, d’une sensibilité et d’une poésie rares, faisant référence à l’un des épisodes les plus sombres de notre histoire. Il part du postulat que l’humour l’emporte sur le désespoir et que la lumière triomphera toujours sur l’obscurité.

Ce film qui traverse les années sans prendre une ride, nous emmène dans une Italie fasciste, au plus près de Guido, Dora et Josué qui vont subir au plus profond de leur peau la folie des hommes. Maniant avec dextérité l’art du paradoxe et du contre-coup, à l’image de son titre « La Vita e Bella », Benigni va réussir à faire sourire le spectateur aux moments les plus impromptus et tragiques. C’est justement dans cette capacité à jouer avec le paradoxe et en mêlant l’humour à la tragédie que le film se démarque d’autres productions traitant sur les camps de concentration.

Le talent de Benigni repose également sur l’aisance et l’énergie avec lesquelles il interprète son rôle, faisant croire à son fils avec humour et légèreté que tout n’est qu’un jeu, qu’un défi, que ce n’est pas pour de vrai. D’ailleurs, comment pourrait-il justifier autrement que par un jeu les horreurs vécues ? Qui pourrait lui en vouloir de ne pas dévoiler la vérité, tellement cette dernière est sombre et sinistre?

Le poids moral est conséquent, mais il parvient donc à se libérer de cette horreur en jouant le jeu face à un bonhomme qui observe tout avec ses yeux d’enfant. La beauté du film réside ici, sur la volonté du père de protéger son fils coûte que coûte, jusqu’au dernier regard, au dernier sourire, jusqu’au dernier souffle…