Le sens de la vie
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"La vie est belle" est, de mon point de vue, un des plus beaux films que Capra ait tournés sinon le meilleur. Et pour ce qui me concerne, un des plus beaux films que j'ai pu voir.
D'abord l'histoire est extrêmement captivante et le montage en flash-back contribue à capter l'attention du spectateur. Ces gens qui prient en cette veille de Noël pour qu'on vienne en aide à ce George Bailey intriguent le spectateur. Qu'a-t-il fait ? Que lui arrive -t-il ? Peu à peu on découvre l'enfant George Bailey puis l'homme. Le qualificatif qui vient à l'esprit à propos de cet homme c'est "altruiste". L'homme qui fait passer l'intérêt des autres personnes avant le sien. Gratuitement et solidairement.
George a beau avoir des rêves de voyages et d'aventures plein la tête depuis sa tendre enfance, il ne va en réaliser aucun car, toujours, un destin particulièrement vicieux, au moment du départ, s'acharne à retenir George. On dit bien que les cimetières sont remplis de gens indispensables mais dans le cas de George Bailey, la maxime ne s'applique curieusement pas.
Et en cette veille de Noël où George se retrouve dans une merde noire, il est bien seul. Seul ? Pas si sûr car un ange gardien est appelé à la rescousse grâce à toutes ces prières au début du film.
C'est un film merveilleux dans tous les sens que le mot "merveilleux" comporte. Le dosage que Capra fait entre la fable sociale, la romance et le film fantastique ne fait jamais tomber le film dans la leçon de morale ni dans la mièvrerie ni dans la farce. Capra est d'abord un fervent humaniste qui décidément a confiance dans l'homme. Il va démontrer que la non existence d'un homme peut faire bouger les lignes du destin et modifier significativement l'avenir. A plusieurs reprises il montrera que la générosité appelle la générosité. Dans l'épisode du risque de banqueroute, il va se trouver quelques gens à exiger la totalité de leurs avoirs mais aussi bien d'autres gens, modestes pour la plupart, qui accepteront solidairement de limiter leurs exigences. Cela procède très certainement de l'utopie et d'une foi sans limite dans l'homme.
Mais il ne faut pas non plus résoudre le film à une apologie du bon sentiment. Capra est parfaitement conscient des difficultés. Rien n'est jamais gagné d'avance. La "société de prêt et de construction" que George dirige, gêne certains qui ne peuvent pas faire les profits qu'ils espéraient. L'idée de solidarité est une lutte de tous les instants car les malfaisants symbolisés par (l'abominable) Potter veillent. Bien souvent, Capra laisse transparaître un certain pessimisme n'hésitant pas à parler de mort ou de suicide.
En cela, la réflexion de Capra me semble bien plus aboutie que dans ses précédents (excellents) films "L'homme de la rue" ou "l'extravagant Mr Deeds" ou "Vous ne l'emporterez pas avec vous".
Et puis, "La vie est belle" est un extraordinaire casting où même le plus petit rôle est réussi.
James Stewart est – évidemment – George dans une superbe composition. Il a toujours ce fond de timidité et de fragilité qui le rend si profondément attachant. Ses réactions spontanées sont toujours très convaincantes. Et Capra qui l'a déjà souvent mis en scène sait parfaitement en jouer.
Donna Reed est un délice à regarder jouer. Plus amoureuse, tu meurs. Plus solidaire de son mari, tu meurs. Plus "pretty american wife", tu meurs. Capra nous en tire quelques portraits à tomber. Je pense à deux en particulier. Le premier c'est le visage d'une grande douceur lors de la première rencontre au bal ; le deuxième, surtout, c'est le visage plein de désarroi et plein d'amour lorsque George pète un plomb avant de s'enfuir.
Lionel Barrymore est ici un excellent méchant bien cupide. Mais dans "vous ne l'emporterez pas avec vous", c'était un aussi excellent grand-père bien complice et facétieux.
"La vie est belle", c'est de l'émotion à l'état pur. J'aurai l'humilité d'avouer que des larmes viennent brouiller parfois mes yeux.
"La vie est belle" c'est 10 parce que je ne peux pas mettre plus …
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le 14 mai 2022
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