Croquons la vie
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Becker n’a pas mis que la vie en chantier, mais aussi sa carrière. On trouve dans son œuvre le papier peint recouvrant les murs, entre autres stigmates d’une société dont c’est un autre mur qui est tombé peu avant. Un autre exemple : le SIDA. Le virus crée le doute, pourtant personne n’en manque, et surtout pas Jan Nebel, personnage bien nommé, car il est embrumé d’un Jürgen Vogel sans envol.
La présence de Christiane Paul, heureusement, cristallise le couple et lui donne une place de contremaître dans le chantier que Becker aurait voulu métaphorique mais qui se résume à un agglomérat d’inactifs que peu d’affection relie entre eux. Le rockeur désabusé de Ricky Tomlinson parle allemand mais il a au moins les antécédents qui lui donnent sa raison d’être. Chez ses collègues, c’est de néant qu’est fait le passé, pourtant il y avait un sacré brin d’histoire à exploiter dans l’Allemagne unifiée.
Entre une fillette bougonne et des femmes volages enfermées dans des personnalités qu’on a résumées à leurs dialogues, il n’y a vraiment rien qui soit précurseur du grand coup porté par Becker avec Au revoir Lénine quelques années plus tard, si ce n’est la cohésion de la société derrière des individus esquissés. En plus de bien filmer, il sait relier le signifié à un paquet de contexte joliment implicite, et cela fait tourner ses caméras presqu’aussi bien que les intermèdes musicaux incarnés par les affects successifs.
Le film aurait pu être une romance complète, avec son lot de relationnel pas mal ficelé et de bagage familial à porter. Malheureusement, de ce côté-là, l’histoire semble aussi désespérée que dans l’ère fassbinderienne. Il faudra compter sur les atouts visuels et discrètement actuels dans la reconstitution par Becker d’un pays qu’il sait manipuler pour ne pas avoir à bouder son plaisir.
Créée
le 7 oct. 2019
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