Aïe me suis-je dit en regardant le nouveau choix de Guyness pour la coupe SC. Autant il a été très facile de se la jouer distanciation ironique pour Jusqu'au bout du rêve : Y a l'autre dans son champ de maïs qui entend des voix. Ha ha ha!

Désolé si je fais pleurer des larmes de sang en faisant revivre un souvenir aussi douloureux que la lecture de 32 critiques sur un même champ de navets, euh de maïs.

Autant pour ce film l'utilisation de l'humour sous toutes ses formes : recontextualisation dans un milieu plus franchouillard à tendance ironique, jeux de mots, calembours, ... semble moralement prohibé. Un bidasse qui tombe de cheval en ouverture, ce n'est pas drôle car c'est un amputé. (Enfin aucun film de bidasses n'est drôle en fait, avec ou sans amputés : ce n'est pas juste de la bienpensance de ma part).
Et c'est d'autant plus énervant que les personnages du film se permettent eux de se marrer pour des trucs dérisoires : chanson cochonne, déboires conjugaux... pour supporter l'horreur de leur quotidien.

Car ce n'est pas un film de guerre que nous propose Tavernier (au contraire de capitaine Conan, et encore). Il traite des conséquences dans la population civile : les petites combines de l'administration (ici la grande muette), les rapports incestueux de la politique et de la finance, la cohabitation des civils et des militaires (même les combattants africains et les terrassiers chinois), et surtout de la disparition des soldats. On reste dans l'expectative concernant leur destin, tout comme les familles qui attendent toujours. Comme un réalisateur de film d'épouvante, Tavernier préfère laisser suggérer l'horreur de la grande Guerre pour en garder toute la puissance. Il ne tombe pas ainsi dans le piège de nombreux films sur la guerre, dont les réalisateurs voulaient en faire une charge antimilitariste, mais qui dégénèrent dans le lyrisme belliciste (avec la complicité du spectateur quand même satisfait).

La vie et rien d'autre, au-delà de sa richesse thématique et de la radioscopie d'une période peu traitée, c'est aussi l'histoire de 2 êtres qui se rencontrent et qui s'aiment. Encore une fois, Tavernier évite les pièges du mélo ou de la comédie romantique. Grâce à son habilité, on se retrouve devant une histoire sobre mais assez déchirante. Cela est dû en grande partie à son casting efficace.
Sinon qui d'autre que Philippe Noiret aurait pu porter sur ses épaules un récit dramatique avec des touches de truculence?

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le 10 avr. 2014

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Jibest

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