A la question : Tourneur était-il fait pour les drames psychologiques ?, la réponse est euh, non. Son style, si aérien dans l'épouvante, le western ou le film noir, voire la comédie, est dans La vie facile d'une extrême lourdeur. De son scénario, Sirk aurait sans doute tiré la substantifique moelle, JT, lui, semble cloué au sol par l'excès de bavardages et d'interrogations existentielles. Il y a deux films en un, le premier raconte les déboires d'un joueur de football américain sur le déclin, malade du coeur. Le deuxième s'attache au couple qu'il forme avec une ambitieuse qui ne saurait supporter la vie avec un loser. Cette image de femme arriviste n'est pas si courante dans le cinéma américain de l'époque et constitue le principal intérêt de La vie facile. Lizabeth Scott est parfaite dans le rôle, avec sa voix rauque "bacallienne" et son duel à distance avec sa rivale, une excellente Lucille Ball, ne manque pas de piment. Victor Mature, en colosse aux pieds d'argile, n'est pas mal non plus. Le bilan n'est pas si mauvais, c'est juste qu'on attend davantage de la part de Tourneur.