Rio de Janeiro, 1950.
La chaleur et les couleurs du Brésil, des rêves d'adolescentes, deux destins si proche et pourtant si éloignés. Un "Mélodrame Tropical" réussi.
Karim Aïnouz met en scènes deux filles d'immigrés portugais soumises à la société (et) au patriarcat.
Chacun des rêves des jeunes filles s'effritera aussi différemment que dramatiquement. Guida fuyant découvrir le Monde vers le grand amour, elle reviendra seule, enceinte. Abandonnée lâchement par son amour, rejetée par son père, son destin se brise. Guida incarne tout de même la femme de caractère. Guida se retrouve à vivre de petits boulots, séparée de sa soeur et ses rêves brisés. Mais elle ne faiblit pas. Comme elle le dit "j'essaie de m'amuser et c'est difficile". Elle essaie, Guida ne cessera qu'après 7 années d'écrire à sa soeur, la persévérance de cette femme brisée est percutante.
Nommée similairement à la mythologie grecque, Euridice souhaite "disparaitre". Ses rêves de pianistes s'estompent face à un mariage forcé et un mari rejetant sa passion de la musique. Euridice vit-elle vraiment sa vie ? Ou ne suit-elle pas un chemin tout tracé de façon passive ? Euridice semble effacée depuis son mariage, sa grossesse non désirée. Invisible.
Karim Aïnouz met en exergue les relations sexuelles de façon aussi brusques que naturelles. Sans filtre, ni même romantisme. Les premières relations sexuelles, le sexe non désiré.
En conclusion, ce film inéluctablement magnifique, féministe, bouleversant est un chef d'oeuvre brésilien.