Sherlock Holmes n'aime pas le Wsciekly pies.
Sir Arthur Conan Doyle a réussi à créer un personnage si intéressant et un univers si complexe qu'aujourd'hui encore son personnage de Sherlock Holmes est une référence et ce, dès l'enfance, en matière d'ouverture à la littérature de qualité. Et même la plupart des productions télévisuelles policières actuelles découlent de ce personnage et de sa science de la déduction avec certes, plus ou moins de réussite voire beaucoup moins dans nombre de cas. Mais qui est Sherlock Holmes réellement ? J'entends par là en dehors du mythe que l'on connait, de l'intouchable détective aux capacités d'analyse et de déductions surdéveloppées, est-il réellement humain ? C'est le parti pris de Billy Wilder dans ce film et c'était un pari on ne peut plus risqué : comment rendre plausible l'existence réelle d'un tel être sans tomber dans la caricature, comment le rendre plus accessible au monde et le sortir du personnage de fiction aux nombreuses caractéristiques connues de tous via les livres et ses nombreuses adaptations, comment sortir du lot ?
Sherlock Holmes est un drogué à la cocaïne et s'il est misogyne c'est avant tout parce qu'il est déçu de la gente féminine. Il ne sait pas comment se comporter socialement, s'enfermant dans ses enquêtes et en étant complètement accro à ces jeux. Bref, c'est un geek de la fin du XIXème siècle. En partant de ce constat, Billy Wilder dresse un portrait de l'homme juste et drôle, apportant à l'enquête et l'histoire une touche comique mais pas caricaturale. Sherlock Holmes ne saurait tisser de relations avec d'autres femmes au point d'inventer une homosexualité avec son comparse : deux hommes d'âge mûr vivant en collocation, en simples amis, cela ne vous parait-il pas étrange ? On a donc droit à de nombreux moments cocasses qui feront sourire voire même rire franchement avec notamment la rencontre avec le balai et la danse du Dr. Watson, personnage connu comme étant extrêmement sérieux et contre poids aux folies passagères du détective.
Tout en apportant cette nouveauté au mythe télévisuel qu'était devenu l'œuvre de Conan Doyle, Billy Wilder respecte tout de même les codes de l'univers si particulier et ses enquêtes : une vision de Londres assez sale et brumeuse et la beauté des paysages du Royaume-Uni et notamment du Loch Ness où l'action se situe une partie du film dans une enquête menant à un complot et des mises en scène visant à tromper l'œil du spectateur. D'ailleurs, si j'avais su en le visitant que le château d'Urquhart abritait en fait une base secrète, j'aurais tenté d'y entrer !
On est donc dans une atmosphère et une culture anglaises d'un bout à l'autre et on se moque de tout sans être pour autant désobligeant et excessif, on suit une enquête passionnante et surtout, on s'aperçoit que Sherlock Holmes n'est pas une machine à résoudre les enquêtes mais bel et bien un être humain qui peut se laisser berner par l'amour. Une histoire d'amour qui n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe mais qu'on voit naître et grandir malgré elle, ce personnage féminin qui va briser la carapace de ce cher détective qui nous expliquera les causes de sa méfiance à l'égard des femmes.
Grâce à Sherlock Holmes, j'ai appris à aimer lire, à aimer ces enquêtes et à tenter de découvrir par moi-même qui pouvait bien être l'assassin, sans grand succès souvent. Seulement voilà, le personnage qu'a créé Sir Arthur Conan Doyle n'était pas assez bien représenté à l'écran jusqu'à présent car trop caricatural et trop posé sur les différents aspects mis en avant dans les livres. En jouant avec tout cela, Billy Wilder a réussi à concrétiser ce que j'attendais depuis fort longtemps : rendre le personnage crédible, palpable et de ce fait encore plus intéressant et nous démontre qu'on peut très bien rire d'un personnage aussi sérieux sans pour autant être grossier et aller dans la parodie de base et vivre ses traumatismes, ses défauts et finalement, le comprendre.