Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu une communication aussi trompeuse, que ce soit sur la traduction du titre du film ou encore le ton rose et léger de l'affiche. Pour autant, il y a bien une certaine douceur apparente dans ce film, dans ce décor figé de l'Oregon, dans les sollicitudes forcées des collègues de Fran et des habitants de cette étroite ville portuaire. Jusqu'à ce que cette répétition des mots vidés de leur sens, des allers retours de Fran entre son lieu de travail et sa tanière, sans vue ou construction au delà du quotidien (au départ), nous fasse ressentir une certaine intranquilité.
Car il faut bien reconnaître le travail de Daisy Ridley à prendre posture de l'introversion : des regards fuyants, des mots expédiés avec efforts, le tout appuyé par certains plans bien pensés appuyants le poids psychologique porté, suggéré mais jamais explicité.
Ce décor prévisible, ces discussions n'atteignant jamais leur but, ces visions oniriques ponctuelles levant le voile sur la perception de l'héroïne... Tout cela participe à former un cocktail intéressant d'ambiguïté. Où l'introversion morbide tends à trouver sa résolution dans les petites évolutions salutaires du quotidien : une rencontre, une soirée avec des amis, de nouvelles habitudes au bureau... Je recommande ce film au moins pour la performance touchante de l'actrice qui mérite d'être saluée