L'extraordinaire voyage du jeune et prodigieux Ben Stiller.

Si la vie rêvée de Ben Stiller devait ressembler à ça, il y aurait sérieusement de quoi s’inquiéter. Pour son cinquième long métrage, le comique cinquantenaire a choisit la voix du « grand film, grand voyage » pour petits et grands. Mais même le sachant père de famille, nous aurons du mal à saisir l’intérêt de cette balade type Ushuaïa nature.
Car le lyrisme sous entendu dans le synopsis ne fait évidemment jamais surface. Découpage académique, acteurs peu crédibles, bande son ringarde, absolument rien ne surprend ni n’interroge un quelconque aspect fantastique ou rêveur. Si à l’écoute de David Bowie (Space Oddity) nous voulons nous évader, il aurait fallut le figurer autrement que de cette manière puérile annonçant non seulement la ligne droite sans conflits, mais aussi cette mise en scène statique et répétitive pendant deux longues heures.

Nous pourrions rejeter toute la faute sur cette bande son inadéquate avec ces belles images. Mais la catastrophe se répand également sur un scénario prévisible et involontairement naïf. A-t-il réalisé ce film pour un grand public ou pour ses enfants ? La deuxième possibilité semble la plus probable. À l’heure où Hayao Miyazaki réalise son film d’animation le plus adulte aussi profond que le reste de sa filmographie, Ben Stiller opte pour son film en prise de vue réelle le plus enfantin, pop corn du samedi soir d’une inventivité nulle. Est-il un mauvais metteur en scène ? Même si Tonnerre sous les tropiques (2008) restait passablement jouissif, l’absurdité de son registre en faisait un objet hollywoodien bien plus intéressant.

L’intérêt primaire de ce long métrage était à l’évidence le personnage de Walter Mitty. Inverse de Ben Stiller (célibataire, sans enfants), la psychologie du bonhomme reste beaucoup trop fantomatique pour être pleinement comprise. Les personnages secondaires auxquels il se confronte, sont, quant à eux, standardisés comme des automates sans aucune ambiguïté apparente (que le personnage de Kristen Wiig paraît vide et creux…), à l'inverse par exemple du personnage de Robert Downey Junior dans Tonnerre sous les tropiques. Mentionnons néanmoins l’apparition de Sean Penn qui aurait pu annoncer un revirement mélioratif plus libre et hors des sentiers. Mais voulant rester plus gentil qu’un télétubbie, Ben Stiller nous amène à un dénouement médiocre (sans doute déjà vu) résolvant tout simplement son intrigue, et finissant comme prévu sur une bonne note avec Cheryl sans poser plus de questions ni laisser d'ouverture abstraite.

Walter Mitty a parcouru des milliers de kilomètres. Ben Stiller n'a pas avancé d'un centimètre, mais s’est enfoncé dans un type de produit formaté années 90 dont le temps est depuis longtemps révolu. Gros budget, film minuscule, se voulant plus triste pour Ben Stiller que comique pour Walter Mitty.
Forrest
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le 16 janv. 2014

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