Il est des fois où nos pas nous portent au cinéma "parce qu'il y avait de la lumière".
En allant voir "La vie rêvée de Mitty", je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, ne connaissant Ben Stiller que de loin pour des film d'humour potache dont je ne goûte pas vraiment le ton et que je n'ai d'ailleurs jamais vus qu'en bande-annonce.
Fort de cette ignorance sur le sujet véritable de ce film, j'entrais dans la salle obscure vierge de toute idée préconçue.
Le moins que l'on puisse dire est que la surprise fût de taille : au milieu d'une vie bien rangée au sein d'un magazine prestigieux sur le point d'entamer une transition brutale, le personnage principal se voit rêver de scènes épiques remplaçant son mutisme habituel face à des situations qui le gênent. C'est un peu déstabilisant au début mais l'on s'y fait très vite.
Après l'installation du décor, l'histoire démarre enfin en improbable voyage et l'on peut dire qu'elle sort véritablement du cadre, du moins des stéréotypes habituels du cinéma américain. C'est une succession de scènes incongrues (beaucoup de clins d’œils à des films célèbres), de paysages magnifiques (le côté minéral du Groenland, de l'Islande et de la chaîne himalayenne m'ont soufflé), d'échanges humains intenses accompagné de chansons mythiques (David Bowie pour ne citer que lui). La fin est superbe de simplicité.
Le réalisateur semble vouloir émouvoir le spectateur avec une très belle histoire festonnée de décors naturels sublimes. Je n'ai pris conscience de la force de ce film qu'une fois celui-ci terminé. J'ai malheureusement mis du temps à entrer dans la narration, tant celle-ci m'a troublé au moins pendant la moitié du film par son côté décalé. Celui-ci m'a m'a pourtant arraché plusieurs éclats de rire stupéfaits sans pour autant m'émouvoir. Mais une fois immergé, ce fût un vrai plaisir.
J'ai la sensation de la promesse d'un voyage étrange et fascinant pour qui aura su entrer de plein pied dans cette aventure inhabituelle, loin des sentiers battus. Il faudrait presque revoir ce film afin d'en goûter tout le sel.
Le peu que j'ai pu déguster m'a enchanté.
Ce film est une magnifique photo pleine de poésie. Elle n'est en revanche vraiment pas faite pour entrer dans un cadre. Il faut parfois ne pas déclencher l'objectif mais juste savourer le moment...