Il n'y plus besoin de présenter Grand Corps Malade devenu une référence du patrimoine culturel français, d'un point de vue musical surtout. Artiste aux talents multiples, on le retrouve ici pour son second film après Patients qui fut une grosse révélation en salle. Pour son deuxième film, il choisit de nous raconter une année dans la vie d'une CPE, dans un collège de banlieue. Un pari osé puisqu'on a déjà eu de nombreux films sur le sujet, pas toujours très juste ou trop souvent cliché. Revenons donc sur La Vie Scolaire qui parvient à manier les codes du genre de manière habile sans jamais glisser dans les clichés.
Le film nous raconte la vie d'un collège pendant une année, dans une classe de troisième, année charnière dans la vie d'un jeune français. Entouré par une équipe pédagogique varié, on suit le parcours de différent jeune, qui ont des passions, des rêves, des envies tous différents les uns des autres. Le film parvient à toujours maintenir une ligne directrice ancré entre fiction et réalité, limite documentaire par moment notamment pour les scènes se déroulant dans la salle de classe justement. Il est fort possible que certains passages ait été improvisé, tant certaines répliques semblent dites pile au bon moment et sans préparation.
Mais, au-delà des jeunes qui portent le film, on nous offre aussi des professeurs à la hauteur. Le film parvient également à maintenir un cadre extra-scolaire intéressant qui joue parfaitement avec ce qu'il se passe dans l'enceinte du collège. De manière implicite et maligne, le film pose une critique du système éducatif français: notamment à travers le prof d'histoire-géo qui porte seul le rôle de celui qui ne croit pas en sa classe. A l'inverse, on a une vision inversée avec le prof de math qui cherche à toujours pousser ses élèves vers le haut, malgré les difficultés de chacun. Par ses deux personnages, on a une sorte de panel de ce qu'on peut trouver comme professeur. Tout ça en évitant les clichés.
La caméra est aussi un personnage intéressant du récit. Multipliant les plans séquences, les deux réalisateurs font de celle-ci une sorte de personnage omniscient qui voit tout, qui sait tout et qui offre un statut quasi documentaire par moment au film. Le récit est habile et suffisament dramatique pour offrir quelques moments de forte émotion (on pleure de joie comme de rire). La Vie Scolaire est un film profondément humain finalement. On ne cherche pas à dresser le portrait d'un collège de cité mais on nous donne un aperçu de ce qu'il se passe vraiment à l'intérieur sans artifice.
Une seconde réussite pour Grand Corps Malade et Medhi Idir qui nous offre un film humain, entre humour et drame et évitant habilement les clichés. Avec quelques prouesses techniques à ajouter à cela et on obtient un film vraiment solide tant dans son contenu que dans son aspect cinématographique. Une belle réussite !