Un somptueux noir et blanc dans cet écrin luxueux qu'est le scope pour un pinku fauché, contradiction habituelle du cinéma de Wakamatsu, toujours ponctué de passages en couleur non moins superbes.
Sur un certains nombre de points ce film diffère sensiblement de ceux que j'ai pu voir de son auteur, déjà de par l'environnement dans lequel il s'inscrit, loin de la froideur brute des rues, immeubles et caves tokyoïtes, on part cette fois en pleine nature, mais pas d'inquiétude, ce ne sera ni luxuriant, ni chaleureux, ni libérateur, l'austérité de ces dunes désertiques à perte de vue vaut bien la grisaille d'un parking urbain.
De même on ne verra aucun élément politique, habituellement fondateur de l’œuvre du cinéaste, La vierge violente est une sorte de déambulation entre songe et cauchemar, une escapade hallucinée à la campagne avec des inconnus louches, mais filmée avec les tripes, y compris les scènes sexuelles, chose rare chez Wakamatsu, qui laissait le plus souvent son équipe les filmer sans lui. Cette fois-ci elles le sont avec autant de poésie et de tension que le reste, pour un ensemble peut-être encore plus cohérent dans sa forme.
On travers donc ces dunes, voyant les rôles, les logiques et les rapports de force changer sans jamais vraiment savoir qui dirige tout ça, si il y a du sens quelque par ou si l'on assiste juste à un étrange caprice, on croise des symboles n'ayant pas forcément l'air d'être là pour être compris, mais tout cela est transcendé à chaque instant par une beauté totale, fataliste, mélancolique et non dénuée d'un jemenfoutisme tout en panache.