A cause de la jalouse d'un officier de police qui convoitait son épouse, un paysan roumain va être considéré, à tort, comme un Juif, ce qui a son importance en 1939, où il va être déporté.
Il va non seulement vouloir prouver qu'il n'est pas Juif, mais il souhaite aussi retrouver sa femme et ses enfants.
Dans les années 1960 et 70, le cinéma de Henri Verneuil va avoir une portée internationale. On peut penser à La bataille de San Sebastian (son film suivant avec Anthony Quinn), Le serpent (avec Henry Fonda), Le casse, mais aussi La vingt-cinquième heure, produit avec l'aide de la Yougoslavie, la France et l'Italie, ce qui explique ce casting cosmopolite ; Virna Lisi, Serge Reggiani, Michael Redgrave, et bien entendu Anthony Quinn. Un mexico-américain qui joue le rôle d'un paysan roumain... heureusement que le film n'a pas été produit aujourd'hui, quel scandale cela ferait !
Plaisanterie mise à part, le résultat est étonnant, et sous couvert de la captivité de son personnage, dont les coups du destin vont être extraordinaires, Henri Verneuil signe un film d'aventures, où Quinn a décidément la gueule de l'emploi, non seulement à jouer un romain, puis à être un allemand par le coup du destin. Si on peut sourire de ses cheveux teints au début de l'histoire, car celle-ci a été non seulement réelle mais elle a duré 10 ans, l'acteur se montre touchant dans sa quête des siens, à endurer ce qu'il ne devrait pas subir pour une chose qu'il n'est pas, mais dans le bruit de la guerre, et des camps, ses gémissements ne sont que des murmures. L'histoire a dû toucher le réalisateur, dont son nom est également un pseudonyme, car cela traite aussi de l'identité, jusqu'à ne plus devenir ce qu'on est.
Le tout avec une mise en scène dynamique, des acteurs excellents (en quelques minutes, Serge Reggiani joue un personnage bouleversant, et qui donne son sens au titre du film), et une ampleur qu'on voyait peu, car les moyens y sont considérables.
Cette histoire est assez folle pour la découvrir soi-même, mais il est dommage que le film soit très peu connu dans la carrière de Henri Verneuil et Anthony Quinn, car c'est une très belle leçon de courage, où les derniers plans ont quelque chose de tétanisant. Rien n'est jamais fini...