La justice, c'est l'injustice équitablement partagée.
La Voie de la justice est une oeuvre dramatiquement surpuissante qui est parvenue (sachant qu'il m'en faut beaucoup pour pleurer) à me faire lâcher les vannes trois fois. Grandiose film poignant de Destin Daniel Cretton (I Am Not a Hipster" (2012), "States of Grace" (2013), et "Le château de verre" (2017)...) qui a réussi à m'émouvoir tout du long alors que je ne suis pas un fan de ses oeuvres. Le récit est absorbant et captivant du début à la fin. Malgré sa durée de 2h20 le long-métrage file à toute allure. L'histoire nous présente le combat historique et vrai du jeune avocat Bryan Stevenson, voulant réparer et défendre les injustices civiques commis sur des condamnés à mort, injustement et honteusement jugés à une époque où le racisme et la différence sociale font office de valeur de jugement. Un scénario loin d'être manichéen.
La Voie de la justice est portée par un casting qui fait des merveilles à commencer par Michael B. Jordan qui en Bryan Stevenson livre une performance encore jamais vue pour ce comédien qui ne cesse de m'épater en osant toujours plus. Jamie Foxx livre la performance de sa vie dans le rôle de Walter McMillian un pauvre bougre injustement condamné à mort pour un crime qu'il n'a pas commis, juste parce que sa tronche ne revenait pas au shérif. Il mérite aisément un oscar pour le meilleur second rôle masculin. Il est incroyablement touchant et troublant, une immense performance. La pauvre Brie Larson qui depuis Captain Marvel en prend injustement plein la tronche s'en sort elle aussi très bien en Eva Ansley militante et bras droit de Stevenson. Je salue également l'incarnation émouvante de Rob Morgan.
Après ce film on ne peut que ressentir un profond dégout et une véritable honte pour la justice américaine de cette époque. J'ai été profondément émue du sort des innocents condamnés à mort sans la moindre chance de se défendre. L'émotion et la colère véhiculées se superposent constamment, laissant un spectacle révoltant qui réussit grace au talent de son cinéaste à tirer de toute cette noirceur un film humain et poignant, où l'esprit humain est mis à rude épreuve. Indéniablement, le bouleversement est au rendez-vous!
La réalisation sans en faire des tonnes est efficace. Les divers plans sont réussis, parvenant à reconstruire avec crédibilité une Amérique des années 80 séparées par l'inégalité des classes, de leur environnement, jusqu'à leur traitement qu'il soit blanc ou noir. Le milieu de la prison avec son fameux couloir de la mort est parfaitement représenté. Un couloir terrifiant synonyme de mort longue et violente pour les prisonniers, que le réalisateur parvient à insuffler au spectateur. Certaines séquences sont marquantes comme l'exécution d'Herbert, le résultat final du procès de Walter, et les nombreuses autres scènes choquantes. Alliée à la superbe composition de Joel P. West qui retrouve une fois de plus avec ce biopic le cinéaste Destin Daniel Cretton, amenant ainsi encore plus de flèche à un arc déjà bien fourni en munitions. Tout ceci amène une ambiance soignée, pesante et profondément intimiste.
CONCLUSION :
La voie de la justice est un film dramatique intense n'épargnant absolument personne. Un superbe biopic haletant avec son assortiment de qualité en faisant une oeuvre d'envergure. Que ce soi son contexte violent, ses nombreuses scènes chamboulantes, ses rebondissements outrageants, ou encore l'espoir qui en découle, tout est parfait. Un grand bravo à la distribution et plus particulièrement à l'excellente incarnation de Jamie Foxx. Difficile de rester impassible devant un tel spectacle.
Avec ce film, la justice a trouvé son espoir.