Unique réalisation au cinéma de ce grand metteur en scène de théâtre, Georges Wilson, le film "la Vouivre", qui date de 1989, est sorti de l'oubli par Gaumont.

"La Vouivre" est une adaptation éponyme du roman de Marcel Aymé que je ne connais pas. En revanche, ce que je sais c'est que Marcel Aymé, originaire de Franche-Comté, avait construit son roman autour d'une légende de son pays où, la Vouivre, une jeune fille sauvage (nue, dans le film) porte un gros bijou, objet de fantasme de la population mais inaccessible car jeune fille et bijou sont protégés par des vipères.

Georges Wilson transpose la légende au retour d'Arsène, un soldat porté disparu pendant la guerre de 14-18 et revenu, à la surprise générale, après un très long séjour à l'hôpital des suites d'une grave blessure à la tête.

Alors que le roman a une portée fantastique, le film est ramené à une réalité plus concrète où les apparitions de la Vouivre et la relation qui s'établit avec Arsène relèvent plus d'hallucinations que de surnaturel.

De fait, le film est un beau portrait de cette France (très) rurale au sortir de la guerre où le manque d'hommes jeunes se fait cruellement sentir que ce soit au niveau du travail agricole ou au niveau de la société. Il en résulte beaucoup de rancœurs voire de haines entre les familles très rustiques du village qui vivent en autarcie.

Quelque chose qui me parait bien être dans le style de Marcel Aymé est la présence d'un curé qui s'oppose violemment à la survivance de ces vieilles légendes locales ou encore l'anticléricalisme latent du village et du maire (qui cependant finira par rejoindre une procession).

La distribution du film est intéressante avec dans le rôle principal d'Arsène, Lambert fils de Georges Wilson, qui fait une honorable composition de ce soldat qui tente de se réhabituer à la vie civile malgré ses "absences" récurrentes. De même que j'aime bien Suzanne Flon qui joue le rôle de la mère d'Arsène et Jacques Dufilho qui joue un vieux valet de ferme fatigué. Il y a en particulier une très belle scène où Suzanne Flon exprime sa (profonde) reconnaissance à Dufilho en termes mesurés et pudiques qui cachent bien autre chose.

On peut toutefois regretter que Georges Wilson n'ai fait qu'esquisser le personnage de Dufilho sous la forme d'une sorte de sage ou de quelqu'un qui porte un peu plus la légende de la Vouivre.

Il y a Jean Carmet qui joue le rôle d'un cantonnier et fossoyeur mais ivrogne. Là, et c'est dommage, le personnage est trop caricatural et aurait pu donner plus de lien entre les protagonistes du film. Macha Meril dans le rôle de la compagne de Carmet est aussi sous-employée.

C'est le gros reproche que je fais à ce film où les seconds rôles auraient gagnés à être développés de sorte à donner plus de vie ou plus de profondeur au village dans la renaissance de la légende .

Pour finir sur une note plus optimiste, la mise en scène et la photographie accompagnés par une belle musique de Vladimir Cosma sont de très bon niveau et très plaisants.

Même si ce ne sont pas des paysages francs-comtois mais plutôt berrichons … Mais ça, ce n'est pas grave.


JeanG55
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