D'une sensibilité touchante

Anna, son mari et leurs deux garçons hébergent depuis plusieurs années Simon, un enfant âgé de 6 ans, placé chez eux par l’Assistance Sociale. Tous les 5 ont construit un cocon où les enfants s’épanouissent là où les parents apprennent à retomber en enfance. Un jour, le père biologique de Simon se manifeste et souhaite récupérer la garde de son fils. L’harmonie du foyer se craquèle, les échos des rires se réverbèrent en violentes disputes. Anna perd pied, déchirée entre ses obligations professionnelles et ses aspirations intimes. Bouleversant sans tomber dans un mélodrame plantureux d’émotion, La Vraie famille est un écrin d’écriture où la justesse des mots est poétisée par la puissance des jeux. Mélanie Thierry offre une interprétation plurielle, se pare de douceur et de désespoir avec un naturel déconcertant tandis que la sincérité des enfants désarçonne. A l’image de l’épure d’Ozu, la mise en scène accompagne ses protagonistes avec une caméra, non pas au ras du tatami, mais à la hauteur des enfants impuissants dans l’arbitrage du monde adulte. La sobriété visuelle s’allie à un environnement sonore ingénieux pour guider ce récit qui évite les écueils dramatiques. Sans fausse note, il partage une sensibilité universelle, celle de l’héritage et de la filiation, dans un hymne à l’amour. Simple, lumineux, c’est l’histoire de coeurs qui se frôlent et de destins qui se séparent, pressés par la marche du temps.