Rudolf est un homme comme un autre. Il a une belle maison grâce à laquelle il se pavane devant sa famille et ses amis, il fait de son mieux pour être un bon père et un bon mari et il fait un tel bon boulot qu'il se fait remarquer positivement auprès de sa hiérarchie notamment dans sa manière d'augmenter sa productivité. Bref, la vie de Rudolf est un métro-boulot-dodo banal à faire peur. Ah si, il a un métier un peu particulier : il est commandant d'un camp de concentration à Auschwitz!!
Dix ans après Under the Skin, Jonathan Glazer revient donc au cinéma avec La Zone d'intérêt qui présente donc la banale vie d'un homme dans un contexte pas banal puisque tout se déroule près du camp de concentration où l'indicible horreur se joue derrière les murs où l'on devine les cris de douleurs et d'effroi des prisonniers au milieu du bruit incessant de la machine hitlérienne qui vise à les éradiquer. Oui, plus l'on assiste aux banalités de l'existence de cette famille, plus le contraste s'installe avec ce qui se passe de l'autre côté du mur, nous rappelant ainsi que dans un contexte similaire, on aurait tous pu être ce père de famille qui fait bien son "travail".
D'un pur point de vue technique, à part les scènes de nuit où l'on suit la prisonnière qui s'échappe, la mise en scène est très sobre, quasi naturaliste et participe à créer cette ambiance dérangeante et le film peut aussi compter sur les performances très solides de Christian Friedel et Sandra Huller.
Bref, un film très puissant qui ne devrait laisser personne indifférent de par son sujet et son traitement!!
(P.S. : et je vous conseille également la lecture de "La Mort est mon métier" de Robert Merle que j'avais du lire au collège ou au lycée et qui m'avait également beaucoup marqué)