En allant voir le film, je savais que j'allais assister à une expérience cinématographique unique en son genre. Mais m'attendais-je à être aussi choqué que dans mes espérances ? Absolument pas !
Les premières minutes du générique annonce directement la couleur : vous verrez le film mais SURTOUT vous entendrez tout ce qui se passe dedans ! En effet, on filme la vie "horriblement" banale de cette famille allemande alors qu'on entend leur voisinage qu'est Auschwitz émettre les cris des prisonniers, des chiens, des soldats, des coups de feu... Les deux personnages principaux que sont : le père Rudolf Höss (commandant du camp d'Auschwitz) joué par Christian Friedel et sa femme Hedwig Höss jouée par Sandra Hüller sont finalement diamétralement opposé puisque l'un voit son rôle de commandant comme un travail ordinaire sans qu'on perçoit sa malfaisance. Et l'autre, femme au foyer qui s'occupe de ses enfants et de son jardin et qui jouit au final de cette situation qui l'arrange et qui n'a pas peur de le montrer et de le faire savoir et qui ne quitterait pour rien au monde son paradis qu'elle a construite à Auschwitz.
Le film renferme une succession de scènes glaçantes : je pense notamment à celle de la rivière : où les enfants se baignent dans une rivière où les cendres des juifs sont versés. Et également aux scènes dans le jardin notamment : la fête avec tout les enfants dans la piscine et où en arrière plan on distingue la fumée des fours crématoires et le train emmenant les juifs au camp. Et également dans le jardin : les gros plans sur les magnifiques fleurs qui donnent un côté où même la nature se fiche de ce qui se passe de l'autre côté du mur d'enceinte d'Auschwitz.
Je trouve par ailleurs que le décor et même l'espace géographique de la maison rappellent l'esthétique des Liminals Spaces cela donne presque un côté surréaliste.
Et la fin du film est vraiment brillante dans le sens où l'on découvre grâce à une géniale ellipse temporelle : les femmes de ménage qui nettoient le musée d'Auschwitz Birkenau à notre époque et où on découvre les fours crématoires, les chaussures des prisonniers, leurs habits... Puis on rebascule en 39-45 pour apercevoir le commandant Höss disparaitre dans le noir.
Au final, j'ai passé une séance riche en émotions fortes, que je recommande fortement mais si je tiens à prévenir les lecteurs qui ne faut pas être hermétique à ce genre de film puisque c'est assez expérimental et lent. C'est selon moi le meilleur film de Jonathan Glazer à ce jour : je vous recommande de voir au moins ses 2 précédents films : Under The Skin et Birth qui sont pour moi des chef-d'oeuvres de type "coup de poing". Néanmoins, il s'agit d'un film qui va vous laisser des traces une fois l'avoir vu !