Allez, on va être le 1% qui n'a pas été embarqué par ce film communément admis comme chef-d’œuvre. Installation dans la salle du Palais plutôt compliquée (un des films les plus attendus sur la Croisette), et finalement ce constat par nos soins : c'est Le Garçon au pyjama rayé, avec une ouverture où vous n'avez pas intérêt (la Zone ?) à vouloir aller faire pipi (c'est un écran noir qui dure 5 min - ou 55 ? Ça nous a paru une éternité, mais notre montre n'était pas d'accord, cette menteuse...-, avec une musique bruyante très pénible. Déjà, on a compris qu'on allait passer un bon moment), avec des séquences entières en négatif (pourquoi ??? Au début on pensait qu'il s'agissait des fantasmes de la mère de famille, et puis non : alors on a regardé les images en abandonnant l'idée de comprendre ces séquences "regardez je fais du cinéma d'auteur"), avec ces plans qui coupent outrancièrement les lignes de fuite par des murs ("comme dans le camp qui est juste à côté", ouh, merci, je crois qu'on était trop niais pour le comprendre au vingtième plan qui nous le refait). On a d'un côté ces scènes qui nous gonflent à nous sur-expliquer tout ce qu'on doit comprendre dans le lien (pourtant évident) de cette famille enfermée dans un nazisme aliénant (la mère est horrible, le gamin joue aux voitures sans comprendre ce qui se trame de l'autre côté du mur, le père est aveuglé par les avantages de sa situation de bourreau...) et les prisonniers du camp. De l'autre côté, ces scènes qui ne s'adressent qu'au Jury des festivals présents dans la salle (et se fichent éperdument des autres spectateurs) en beuglant son esthétisme, son intelligence insaisissable, toute sa mise en scène crâneuse (le négatif étant le plus flagrant) qui cherche seulement les Prix, mais casse tout effet d'émotion. Une émotion étonnamment absente, avec les jeux des acteurs d'une froideur absolue (un parti-pris qui permet de souligner la déshumanisation de cette famille, qui n'est qu'une coquille vide), qui essaie de s'opposer à la violence des sentiments de son concurrent direct Le Garçon au pyjama rayé (qu'on lui préfère mille fois). Peut-être le seul geste sincère de ce film à Prix, dont on a subi l'étalage de mise en scène, et dont on est ressorti en étant le 1% qui crie à l'esbroufe. Le seul endroit où on a trouvé de l'intérêt, c'est dans son titre.