8.5: Le temps de la culpabilité
Rudolph Hoss semble avoir une vie de famille ordinaire : des enfants scolarisés ne cessant de se chamailler, une épouse prenant un certain plaisir à humilier leur gouvernante et un apparent décor lacustre. Le voisinage est par contre morbide : le camp d’Auschwitz dont Rudolph est le commandant sur le point d’être promu.
Le voici ce grand prix cannois et une apparente forte expérience sur le voisinage et ses contrariétés. Je confirme la force sur un certain point, auditif.
Durant les 30 premières minutes, nous restons totalement à l’écart de cette famille inintéressante pour être davantage intrigué par les retombées sonores et une brume masquant un feu. Et c’est le premier point fort du film : il ne cherchera jamais à vous faire couler une larme ou ricaner selon votre position, mais bien à poser le débat en illustrant notamment un passage clé du conte Hansel et Gretel, la manière dont les enfants s’échappent, par un remarquable jeu d’ombre nous sortant de la réalité.
Mais cette réalité se rappelle à nous, particulièrement sur une séquence forte où le petit nouveau de la famille émet un son en couvrant un autre plus funeste. Cette scène puissante sur un plan auditif justifie à elle seule le prix reçu: si l’enfant ne se rend pas compte de la réalité, les plus grands se chargeront de nous le rappeler.
Et il en ressort une incroyable expérience faisant froid dans nos tympans et qu’une incroyable musique unique en son genre mais rappelant le Remembrances de Williams composé pour la liste de Schindler ne saura légitimement apaiser.
A recommander si vous avez l’oreille.