Jouer avec une impression de contraste permanente, c'est ce qu'a choisi le réalisateur pour créer de la distance avec son thème. Des plans fixes avec des sujets mouvants que Wes Anderson avait déjà expérimentés, des saturations de couleurs avec fleurs à foison devant des murs de fils barbelés, la banalité d'une vie de couple au milieu des allées et venues des SS, un chien pataud en fil rouge qui vient interrompre la solennité des événements, des jeux et rires d'enfants devant des colonnes de fumée, et la nature omniprésente souillée par les traces de l'horreur. La caméra pose un regard de biais sur les évènements, les sons sinistres remplacent les images, l'infrarouge dévoile ce qui est caché et ainsi, ce jardin d'Eden factice pour parvenus nous apparaît d'autant plus artificiel qu'il est logé au cœur d'un Enfer bien concret. Le retour à la réalité est rude, le passage du temps sec et les transitions brutales, comme des gifles pour nous détourner de l'aspect épuré du style et faire ressentir la crudité de la situation.